Coup de froid sur l'acier

Par Odile Esposito, rédactrice en chef à La Tribune.

Simple petit refroidissement ou vrai avertissement pour l'industrie mondiale ? Force est de s'interroger après les chiffres trimestriels décevants annoncés mardi par ArcelorMittal, doublés de perspectives assez moroses. Dans le concert de révisions à la hausse entonné ces derniers jours par nombre de groupes industriels, le premier sidérurgiste mondial a fait souffler un petit air glacé.

Certes, il continue d'engranger des bénéfices confortables. Certes, encore, il a réussi, ces trois derniers mois, à faire passer des hausses de prix sensibles, de 10% en Amérique et en Europe sur les aciers plats au carbone par exemple, répercutant ainsi sur ses clients la flambée du minerai de fer et du charbon. Mais le moral n'est pas là. Ses usines ne tournaient fin septembre qu'à 71% de leurs capacités. Et les distributeurs américains, constate-t-il, ont sensiblement réduit leurs achats.

Est-ce le signe que la reprise tant vantée ces derniers temps est plus fragile que prévu ? C'est surtout la preuve qu'elle reste fortement tirée par l'Asie émergente, sur laquelle, paradoxalement, le groupe dirigé par l'Indien Lakshmi Mittal demeure trop discret. En 2009, l'Asie et l'Afrique ne représentaient que 17 % de ses livraisons mondiales.

La Chine devrait pourtant absorber 45% de l'acier mondial en 2011, et l'Inde, 5%, selon les prévisions de la World Steel Association. Face à cet extraordinaire dynamisme asiatique, l'industrie européenne et américaine manque de confiance en elle, a regretté mardi Lakshmi Mittal. Le constat est juste, mais ce n'est pas le chaud et froid soufflé par le sidérurgiste qui va réchauffer le coeur de ses clients.

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