Après les retraites, l'emploi des jeunes, l'autre réforme

Sans une action rapide efficace et lisible, c'est notre société qui déclinera, portée par une population repliée car sans avenir.
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Les partenaires sociaux semblent s'acheminer vers une nouvelle négociation qui devra porter sur l'emploi des jeunes et des seniors. Après le vote de la réforme des retraites, l'ouverture de cette nouvelle séquence sociale est d'autant plus souhaitable qu'elle relie enfin l'entrée et la sortie du marché du travail, tentant ainsi de raffermir une solidarité intergénérationnelle plus qu'affaiblie. Cette nouvelle phase de débat, à laquelle vont s'associer les députés UMP et Nouveau Centre, ne doit cependant pas aboutir à un nouvel échec. L'espoir des jeunes est déjà trop faible pour être à nouveau déçu.

Les nouvelles générations vivent trop souvent dans l'incertitude des débouchés professionnels, dans l'égarement d'études pas toujours valorisées, dans la précarité des stages et des CDD à répétition. Et sans une action rapide, efficace et lisible, c'est notre société qui déclinera, portée par une population repliée car sans avenir. Voilà pourquoi la bataille de l'emploi des jeunes est au moins aussi importante que celle de la retraite par répartition. Voilà pourquoi l'insertion, non seulement dans l'entreprise mais aussi dans la société, doit concentrer l'attention et la mobilisation du gouvernement.

Face à ce malaise qui est bien souvent la cause réelle, apolitique et transpartisane des mouvements étudiants, la gauche a distribué des emplois aidés à des étudiants surdiplômés, en repoussant simplement les périodes de chômage et en aggravant le déficit des finances publiques. La droite n'est évidemment pas exempte de reproches. Si le contrat première embauche (CPE) lancé par Dominique de Villepin a voulu proposer une porte d'entrée plus solide aux jeunes, la peur de l'emploi jetable l'a emporté sur des explications floues et parfois inexistantes, professées par des responsables publics dont l'expérience de la galère étudiante ou du chômage demeure très faible. L'image d'un pouvoir obligeant les jeunes à travailler davantage mais constitué par des hauts fonctionnaires éloignés des réalités du terrain a fini par faire des ravages au sein d'une droite qui n'a pas toujours su parler aux nouvelles générations.

Entre l'absence de projet réel de la gauche et les fautes de méthode commises par la droite, le gouvernement va devoir agir en explorant vigoureusement des voies différentes. Le lien entre l'université et l'entreprise doit ainsi être amélioré, en s'inspirant de nos voisins européens.

Aux Pays-Bas ou au Danemark, 30 % des jeunes mènent des études tout en occupant un emploi, alors qu'en France ce chiffre est ramené à 10%. Et de nombreux Français diplômés recherchent des postes occupés par d'autres salariés plus qualifiés, mais sont obligés de se reporter sur des emplois intermédiaires en raison de la crise. Pour en finir avec les contrats aidés précaires et insuffler davantage de flexibilité, nous devrons proposer aux nouvelles générations de véritables filets de sécurité dans la vie active : l'accès au logement, à certaines aides sociales, aux services bancaires et la possibilité d'épargner pour son avenir sont des questions à relier à l'insertion professionnelle.

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