Il est temps de tirer les leçons de la crise

"Croissance, stop ou encore" : c'est le titre du premier forum de la Fondation Croissance Responsable organisé ce jeudi par ce nouveau centre de réflexion créé par plusieurs anciens présidents de l'association patronale Croissance Plus. Un "think tank" qui se veut aussi "do-tank" et cherche à agir ainsi dans la cité.
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La gravité de la crise financière, économique et sociale qui, depuis plus de deux ans secoue notre pays, cultive un climat général de défiance qui sape les piliers de notre société. Pas une journée sans qu'un fait, un chiffre, une situation ne démontrent que les leçons de la crise hors normes que nous connaissons sont loin d'avoir été tirées. Au contraire, nombreux sont ceux qui considèrent que la crise n'est que tapie dans l'ombre, prête à rebondir. Et que la situation ne saurait dissiper l'urgence, qui, il y a deux ans, lorsque la planète financière brûlait, avait suscité l'engagement solennel de s'attaquer aux graves déviances du système.

Entre la perception de la manière dont le monde de la finance, une fois sauvé par l'argent public, s'est remis à jouer sur les marchés, le chômage, la spéculation effrénée pariant sur la défaillance des États, l'homme de la rue a toutes les raisons de penser que le monde n'a rien appris de cette crise. Celle-ci a encore plus brouillé la perception du modèle de l'économie de marché par une opinion publique française déjà fâchée de longue date avec ce modèle.

Nous ne pouvons pas assister, sans réagir, au retour des anciennes pratiques qui ont conduit le monde au bord du gouffre et provoqué la destruction de milliers d'emplois. Mais nous sommes tout autant persuadés de la nécessité de faire vivre et fructifier l'idée qu'on n'a finalement pas inventé de meilleur modèle que celui de la libre entreprise et de l'économie de marché pour permettre au plus grand nombre de progresser, d'apprendre, de vivre en bonne santé et en paix.

D'où l'objectif de la Fondation Croissance Responsable de frotter les idées sur la manière de rectifier le tir. De servir de caisse de résonance aux initiatives multiples mises en oeuvre pour y aboutir. Pourquoi faut-il toujours de la croissance ? Et quelle croissance ? Comment relancer l'ascenseur social ? Comment rééquilibrer le partage des richesses ? Comment s'attaquer aux causes du pessimisme à la française ? Comment nous réformer pour installer une croissance plus responsable qui rééquilibre les rapports entre les parties du pacte social, salariés, entrepreneurs, chercheurs, fonctionnaires, élus locaux, consommateurs ?

Quelques éléments nous semblent pouvoir servir de points de départ à la réflexion et à l'échange. D'abord, cette conviction que l'entreprise reste le meilleur moyen pour lutter contre l'exclusion. De nouvelles pratiques démontrent que le capitalisme est lui-même en train de se réinventer. Les entreprises ont pris conscience qu'elles ont entre leurs mains des moyens puissants pour oeuvrer à la cohésion sociale. Qu'elles soient engagées sous le signe de la responsabilité sociale et environnementale ou de l'investissement socialement responsable, ou déclinées par le mouvement de l'entrepreneuriat social, les initiatives fourmillent. Ce mouvement est inéluctable.

S'ajoute le constat que la responsabilité sociale et environnementale est rentable. Qu'il est possible de concilier performance et intérêt général. À nous de démontrer que l'impact de ces initiatives peut être quantifié en termes économiques ! Les investisseurs financiers sont encore en retrait sur ces sujets. La dérive, l'inutilité, voire la nocivité de certains instruments financiers sont reconnues. Il faut pousser les dirigeants politiques à prendre des décisions fortes de régulation dans ce domaine.

Nous sommes enfin convaincus que la communication autour de ces sujets ne doit pas être réservée au petit monde des « sachants ». C'est aussi l'une des ambitions de la Fondation Croissance Responsable de chercher à ouvrir le débat en direction de publics nouveaux, en particulier les jeunes des écoles et de l'enseignement supérieur.

Le principal danger, dans la période à venir, est la dégradation du lien social. Cela rend d'autant plus urgent de diffuser ces thèmes. C'est aussi notre ambition, modeste mais affirmée, de leur donner le maximum de publicité à travers un débat à la fois vigoureux, rigoureux, serein et équilibré.

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