Les Français ne doivent pas avoir peur de la liberté

En 2011, le défi pour la France va être de ne pas se retrouver à l'écart de la richesse créée par les émergents. Les entreprises françaises ont su partir à la conquête du monde, pourquoi les Français ne se mettraient-ils pas à l'unisson ?
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Lors de l'année qui s'achève, la planète aura connu l'une des plus fortes progressions économiques de son histoire avec une croissance de 5%. C'est dire à quel point les grands pays émergents ont repris leur marche en avant et pèsent dans l'économie mondiale. Dans les quinze ans qui viennent, grâce à eux, le monde va compter un bon milliard et demi de nouveaux consommateurs ; un milliard d'entre eux va prendre l'avion pour la première fois. L'Europe - dont la France - ne va connaître probablement qu'une croissance molle, aux alentours de 1,5% l'an.

Ces données sont à rapprocher de la bonne marche de nos entreprises. Celles qui, grandes ou petites, ont su travailler hors de nos frontières, croissent à la vitesse mondiale (plus vite pour certaines d'entre elles), nous font passer un message sans ambiguïté : notre intérêt est de nous tourner vers ces nouveaux horizons où se trouvera notre prospérité économique.

Hélas, en ce début 2011, l'économie de marché, le profit, la concurrence sont toujours mal vus par la majorité de nos concitoyens. De ce fait, il est toujours aussi difficile aux entrepreneurs d'expliquer en quoi la bonne marche des entreprises est un bienfait pour chacun de nous. Les expatriés français qui travaillent à l'étranger pour nos entreprises peuvent témoigner que cette aversion est une spécificité bien française.

Au risque de scier la branche sur laquelle ils sont assis, les Français ne sont pas fiers de leurs grands groupes, qui ont pourtant compris, il y a déjà des dizaines d'années, que le monde s'ouvrait. Les premiers à avoir pris très tôt des positions sont devenus des leaders mondiaux, dans leur secteur d'activité. L'agroalimentaire avec Danone, les matériaux avec Lafarge, le luxe avec LVMH, le cosmétique avec L'Oréal, la pharmacie avec Sanofi, l'eau avec Veolia et GDF Suez, Schneider dans l'équipement électrique, Axa dans l'assurance, j'en passe et des meilleurs. Ils sont devenus les ambassadeurs de l'excellence française partout dans le monde... et le meilleur moyen de garder en France les emplois à valeur ajoutée nécessaires à l'animation et au pilotage de ces grands ensembles. Total, que l'on égratigne un peu facilement, abrite en France (pays qui représente une petite part de ses profits) près de 40% de ses effectifs.

Loin de moi l'idée de prétendre qu'il n'y a pas eu de dérèglement notamment dans la sphère financière. L'homme ne sera jamais parfait, il faut chercher à être perfectible et analyser objectivement ce qui s'est passé. Les législateurs tirent, partout dans le monde, les conséquences de la crise, c'est bien. Cela étant dit, ce n'est pas en doutant constamment de l'économie de marché qu'on avancera, mais en l'acceptant comme une réalité perfectible mais incontournable.

N'ayant pas confiance dans leurs entreprises, les Français ont naturellement tendance à tout attendre de l'Etat, même la gestion de l'économie ; cette attente est malheureusement exagérée et la sphère privée doit apprendre à s'assumer elle-même. Notre Etat en effet a énormément de pain sur la planche, il a déjà à s'occuper de lui-même. Rien ni personne ne devrait le détourner de ses devoirs majeurs : tenir sa responsabilité régalienne et se réformer en profondeur pour réduire vigoureusement son énorme dette. Plusieurs États dans le monde ont déjà fait cet effort, leur pays et leurs concitoyens se portent beaucoup mieux depuis.

Accepter l'économie de marché n'est pas neutre, Il y a même un fondement philosophique à le faire : choisir de vivre dans un monde fondé sur la liberté et l'initiative et accepter de ne pas vivre dans un cocon mais en interdépendance. C'est aussi avoir l'humilité de se soumettre à la concurrence, expression même de la liberté en économie et plus sûr garant de l'égalité. On ne peut que souhaiter en 2011, pour notre pays, une prise de conscience dans ce sens.

Les Français en ont été les inspirateurs au siècle des Lumières de l'idée d'une société fondée sur la Liberté. Le monde entier nous le reconnaît. Cette liberté, qu'ils ont conquise dans la douleur et ont inscrit ce mot sacré au fronton de tous leurs édifices, en auraient-ils maintenant peur ?

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