Faillite européenne : et de trois !

Par François Lenglet, directeur de la rédaction de La Tribune.
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Il y a eu la Grèce, sauvée en mai dernier avec plus de 100 milliards d'euros. Puis l'Irlande, renflouée en novembre avec 85 milliards. Et voici le tour du Portugal. Après plusieurs semaines de déni et d'asphyxie financière, Lisbonne va probablement rejoindre Athènes et Dublin au cimetière des Etats européens mis à terre par la dette. Incroyable spectacle que l'effondrement progressif de l'Europe, comparable en bien des points à celui qu'a connu l'Amérique du Sud il y a trente ans ou l'Asie à la fin des années 1990. Disons-le tout net : ce sauvetage financier, pas plus que les précédents, ne produira les effets heureux que les naïfs en attendent. Jamais on n'est parvenu à régler un excès d'endettement par un surcroît de dette. Les prêts européens, on le voit avec la Grèce, ne calment même pas les marchés, et n'interdisent pas la contagion d'un pays à l'autre.

Au contraire, ils la déclenchent. Dès que l'Irlande a reçu son prêt, les marchés se sont tournés vers le Portugal, dans un accès d'hystérie moutonnière et intéressée. Dès que Lisbonne aura reçu son chèque, ils partiront à Madrid, pour faire tomber l'Espagne. Ou à Bruxelles, pour mettre à l'épreuve la Belgique. Peu à peu, une évidence va s'imposer. L'Allemagne, quand bien même elle aurait la volonté politique d'aider ses voisins sans conditions, ne peut à elle seule soutenir une Europe chancelante, sauf à prendre le risque de voir sa propre crédibilité affaiblie. Il faudra alors se résoudre à la seule solution pour traiter la crise de la dette publique européenne : le rééchelonnement, c'est-à-dire la faillite partielle, pour faire payer non plus seulement les Etats, mais aussi les marchés. En clair, il va falloir solliciter non seulement le contribuable, mais aussi l'épargnant. 

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