Les investissements raffinés de la Chine

Par Olivier Provost, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.
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Un internaute de La Tribune faisait récemment remarquer que les Occidentaux avaient tort de croire que, dans la grande partie de domination de l'économie mondiale, les Chinois jouaient aux échecs. A l'affrontement brutal des tours et des fous, l'ex-empire du Milieu préfère l'encerclement lent et méthodique du jeu de go. C'est la stratégie que l'on peut lire en creux dans ses choix d'investissements les plus récents. En rachetant deux raffineries en Europe, dont celle de Lavera en France, et en mettant la main sur le nordique Elkem, spécialiste du silicium, matériau crucial pour l'industrie des panneaux solaires, les Chinois poussent leurs pions dans des domaines où les Occidentaux se tâtent voire réduisent la voilure. Les arguments de ces derniers sont connus : surcapacité, secteur non stratégique, technologies non cruciales.

Fort d'une notion du temps beaucoup plus long terme, les Chinois rétorquent : "on verra bien", et attendent le moment où les Européens viendront quémander l'essence sortie de leur raffinerie et le silicium de leur usine. Illusoire ? Peut-être, mais la Chine adopte là une tactique chère aux spécialistes du capital-investissement : ne pas mettre tous ses oeufs - et ils en ont beaucoup - dans le même panier et considérer que sur dix placements, si huit échouent et deux réussissent, l'opération sera globalement rentable compte tenu du facteur démultiplicateur d'un décollage à succès.

En ciblant les secteurs que les Occidentaux désargentés délaissent en ce moment, ils font preuve d'un opportunisme cher à Sun Tzu, auteur chinois de "l'Art de la guerre" en 500 avant notre ère.

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