Marchés : la course d'obstacles de 2011

Par Marc Fiorentino
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C'était la semaine de tous les dangers pour l'Europe. C'est devenu la semaine de tous les espoirs. On a assisté à un vrai changement d'ambiance sur les marchés par rapport à l'Union européenne. Il faut avouer que nous avons vécu en direct une situation étonnante : le revirement total de l'Allemagne. Les Allemands, jusqu'ici totalement allergiques à des euro-obligations et à une augmentation des moyens du Fonds européen de soutien financier (FESF), sont devenus, par un coup de baguette magique, partisans du doublement de la taille du fonds. On nous les a changés !

Les voilà prêts à faire de ce fonds de secours honni par les politiques allemands et l'opinion un vrai Fonds monétaire européen. Il faut dire que l'Allemagne a dû réfléchir aux conséquences d'une éventuelle bataille d'Espagne. La chute du Portugal, puis la chute de l'Espagne, pourquoi pas. Mais la chute de l'euro, non. Jouer avec le feu, pourquoi pas ; cela a permis de maintenir l'euro sous pression en 2010 et de contraindre les « Pigs » à une rigueur exceptionnelle. Mais pas de politique de la terre brûlée tout de même ! L'Allemagne s'est soudain rappelée que l'euro et les pays de l'Union européenne étaient tout de même utiles à son économie. Ouf ! On respire. Voici donc un obstacle surmonté.

Il va falloir, pour transformer le consensus haussier sur les actions en optimisme béat, qu'on parvienne à surmonter les autres obstacles annoncés, sans évoquer ceux qu'on n'imagine même pas... Tout d'abord les États-Unis. Le jour où l'Italie et l'Espagne parvenaient finalement à lever de l'argent, les deux principales agences de notation américaines, Standard and Poors et Moody's, rappelaient que les États-Unis n'avaient pas rempli leur contrat pour mériter longtemps leur triple A et leur reprochaient notamment l'absence d'effort budgétaire. Beaucoup de villes américaines songent à se mettre en procédure de « faillite », un tiers des États américains est largement surendetté et Obama ne pourra plus tirer de chèque d'ici à quelques semaines car le plafond de la dette a été atteint.

La Chine ensuite. Là encore, nous étions à peine revenus du pot de célébration des emprunts portugais, italiens et espagnols que la Chine nous annonçait qu'elle resserrait encore une fois la vis du crédit. Avec une hausse des réserves obligatoires. Dont on sait qu'elle sera, comme à chaque fois, suivie d'une hausse des taux. La Chine ne parvient toujours pas à contrôler la situation du crédit...

 

Et enfin les matières premières et les pays émergés. La hausse des matières premières est une menace. Les annonces américaines sur les récoltes céréalières ont provoqué ces derniers jours une nouvelle vague de hausses. Et le risque d'émeutes de la faim pèse sur les pays émergés. Des pays émergés qui, contrairement aux pays déclinants (ex-pays développés), sont confrontés au dilemme force de la monnaie-inflation. Le Brésil veut combattre l'inflation, mais pour combattre l'inflation, il devrait remonter les taux d'intérêt, mais s'il remontait les taux d'intérêt, cela attirerait encore plus de capitaux spéculatifs sur le real, ce qui augmenterait... l'inflation... CQFPD (Ce Qu'il ne Faut Pas Démontrer...).

Nous avons passé cette semaine un obstacle important. Attendons tout de même que l'Allemagne confirme ses bonnes intentions et qu'elle ne change pas à nouveau d'avis. Les marchés sont optimistes. Les prévisionnistes unanimes sur une hausse des indices boursiers de 15 à 20 %. Tant mieux. Restons tout de même vigilants. Il faudra sauter maintenant les haies européennes, chinoises et émergées. C'est possible. Mais pas certain.

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