L'Internet dans sa bulle

Par Jérôme Marin, correspondant de La Tribune à New York.
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Facebook, Twitter, Groupon... Ce sont les trois nouvelles stars de l'Internet. Trois groupes non cotés qui agitent ces dernières semaines le monde de la finance. Et qui affolent également les compteurs. En attendant une entrée en Bourse au plus tard l'année prochaine, ils ont tous réussi à lever, sans aucune difficulté, des fonds auprès des investisseurs. Deux milliards de dollars récoltés en quelques jours pour Facebook au cours d'un placement privé de titres tellement médiatisé que Goldman Sachs a préféré le réserver à ses clients étrangers pour éviter de s'attirer les foudres du gendarme boursier américain. Le premier réseau social est désormais valorisé à 50 milliards de dollars, soit 25 fois son chiffre d'affaires. Lors de son entrée en Bourse en 2004, Google n'était valorisé qu'à 7 fois ses revenus. C'est aussi 5 fois plus que lors de sa dernière levée de fonds en mai 2009. Et autant que Boeing, ses 160.000 salariés et ses 65 milliards de dollars de chiffre d'affaires. À côté, Facebook et ses 2 milliards de chiffre d'affaires pourrait faire figure de "Petit Poucet". Pas pour ces investisseurs qui se sont rués pour faire partie des heureux élus.

"Tout cela est un peu fou. C'est comme si on était revenu dans l'Internetmania de 1998-1999", résumait récemment un professionnel dans le "Wall Street Journal". Peu importe les données financières, l'évolution future des usages ou l'arrivée de concurrents. Le risque de laisser passer le bon wagon prend le dessus. Tout comme la volonté de ne pas louper le train en marche à la fin des années 1990 ! Mais, depuis, les choses ont changé, explique-t-on par ailleurs. En douze ans, Internet a grandi, très vite, s'est imposé et a prouvé sa capacité à générer des revenus. Et les "start up" d'aujourd'hui, les Twitter, Groupon, Linkedin, Zynga et autres, fédèrent des millions d'utilisateurs et sont déjà rentables. L'émergence des smartphones et celle des tablettes ouvrent en outre de nouvelles possibilités de monétiser cette audience.

Symbole de la précédente bulle, Amazon illustre désormais cette évolution. L'action du leader mondial du commerce en ligne évolue à son plus haut niveau historique, plus de 2 fois supérieur au pic atteint fin 1999. Mais elle se négocie encore à 71 fois les profits, signe que la valorisation se base davantage sur ses perspectives de croissance que sur son activité présente. Même chose pour le site de location de DVD en ligne et de streaming vidéo Netflix, dont le titre a triplé l'an passé. Le PER ("price earning ratio") du Nasdaq-100 - qui regroupe les 100 plus importantes valeurs non financières du Nasdaq - évolue autour de 17, rétorque-t-on, bien loin des 187, atteint en 2000. Et s'il a touché la semaine dernière son plus haut niveau depuis février 2001, son rebond reste somme toute justifié, poursuit-on. "Il n'y a pas encore de bulle, estime Laurence Goldberg de Barclays Capital. Il y aura une bulle seulement lorsque ces valorisations élevées se transmettront à d'autres compagnies." Il y aura alors des perdants. Reste à connaître l'identité des nouveaux Yahoo, AOL et Myspace.

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