Dépendance, assurance et impôt

Par Philippe Mabille, rédacteur en chef "Editoriaux et opinions" à La Tribune.
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En promettant de s'attaquer en priorité cette année au risque dépendance, Nicolas Sarkozy a mis le doigt dans un engrenage politique particulièrement complexe. Plus complexe encore que ne l'a été en 2010 la réforme des retraites qui, si elle a bousculé le tabou de l'âge légal à 60 ans, n'a pas touché aux fondements du consensus social français autour de la répartition. Il n'a jamais été question dans cette réforme de recourir à plus de capitalisation.

Avec la dépendance, qui touche aujourd'hui 1,2 million de personnes âgées, et d'ici à 2040 sans doute 1,5 million, on dépasse le seul cadre du contrat social pour entrer dans la sphère privée, familiale. La prise en charge publique de la dépendance représente actuellement un coût global d'une vingtaine de milliards d'euros et il manque au moins un demi-point de PIB, soit 8 milliards d'euros, pour faire face à l'explosion annoncée de ce risque. Pour le financer, les Français sont massivement favorables à la solution d'une hausse d'impôt, et donc d'une prise en charge publique.

Le problème, c'est que cette piste entre en contradiction avec l'objectif affiché de baisse du coût du travail et d'amélioration de notre compétitivité. Mais en même temps, aucune des autres solutions ne semble recueillir l'assentiment de l'opinion : ni la reprise sur succession, ce qui prouve le rapport ambigu que beaucoup de Français entretiennent avec l'héritage, ni l'assurance privée obligatoire, que recommandent, on le comprend, les assureurs. Pourtant, on voit mal la différence qu'il y a entre un impôt et une assurance obligatoire, sinon que la seconde n'entre pas dans le calcul des prélèvements obligatoires. Depuis 1958, la responsabilité civile s'impose à tout conducteur d'un véhicule à moteur. Pourquoi ne pas marier les deux approches, celle d'un socle public de solidarité, complété par une couverture privée, mais universelle ?

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