Pax Europeana

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Par François Lenglet, directeur de la rédaction de La Tribune.

Encore une fois, l'Occident impose son ordre. Perclus de dettes, se relevant tout juste d'une grave crise financière, diminué dans son poids relatif sur la planète, le camp occidental a trouvé la force de monter une expédition punitive pour chasser le dictateur libyen. Certes, on pourra brocarder les volte-face de nos dirigeants vis-à-vis de Kadhafi - il n'y a pas si longtemps, le colonel plantait sa tente saugrenue près de l'Elysée.

Tous les commentaires s'effacent pourtant devant la règle d'or de la diplomatie, énoncée par lord Palmerston : un Etat n'a ni amis éternels, ni ennemis perpétuels, seulement des intérêts éternels et perpétuels. Plus encore qu'occidentale, cette initiative est européenne. Ou plutôt franco-britannique, puisque l'Allemagne, s'étant exclue de l'opération, reste décidément un nain politique. La crise libyenne a une nouvelle fois révélé la faiblesse de l'administration Obama, prolixe en bons sentiments et en beaux discours mais dominée par les événements. Lors de la guerre d'Irak, les Américains néo-conservateurs ironisaient sur la différence entre Vénus, la planète gouvernant une Europe hédoniste et narcissique, et Mars, l'astre des guerriers, maître des Etats-Unis.

Aujourd'hui, c'est l'Europe qui est martiale, tandis que l'Amérique est dans la Lune. Cela n'aura pas grande incidence sur l'intervention militaire elle-même : rien ne distingue un obus européen de son homologue d'outre-Atlantique. En revanche, cela peut tout changer dans l'après-guerre. La Pax Americana s'est traduite par un désastre en Irak et en Afghanistan, deux pays livrés à la guerre civile. Peut-être l'Europe, habituée à la gestion patiente et laborieuse de la diversité, sera-t-elle plus efficace pour aider à mettre en place la démocratie en Libye.