"L'euro nous sert de rempart contre le niveau des prix des matières premières"

Avant d'intervenir au forum Paris Europlace, lundi et mardi à New York, Patrick Legland, directeur général de la recherche à la Société Générale, et Évariste Lefeuvre, économiste chez Natixis aux États-Unis, évoquent les risques souverains et l'euro.
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Comment jugez-vous l'évolution du risque souverain en Europe ?

P. L. : Les pays du Sud ont encore besoin de réformes structurelles importantes. L'annonce par le Portugal d'une demande d'aide a été vécue comme un soulagement par les marchés. Il n'y a pas de risque immédiat pour l'Espagne. En Grèce, il faudra, à un moment où à un autre, restructurer la dette. E. L. : On ne peut pas exclure définitivement ce scénario. Mais, à partir du moment où l'État grec peut s'endetter à 4,8 % et a la possibilité d'étendre les crédits que lui accordent l'UE et le FMI, il n'a aucune raison de prendre ce risque considérable pour son système bancaire et l'ensemble du système bancaire européen.

L'euro en hausse n'est-il pas un poids ?

P. L. : L'impact du niveau de l'euro sur les pays en difficulté est presque marginal. En même temps, une monnaie forte nous sert de rempart contre le niveau des prix des matières premières. Les impacts négatifs sur les exportations existent, mais ils restent inférieurs aux effets positifs. E. L. : L'euro est, en effet, une monnaie qui nous permet pour l'instant de ne pas trop souffrir du prix des matières premières. Mais s'il atteint 1,50-1,55 dollar, il y aura des conséquences non négligeables sur l'activité économique.

La BCE a-t-elle raison de relever ses taux alors que la Réserve fédérale ne semble pas pressée de le faire ?

E. L. : Les deux contextes sont différents. La BCE n'a pas mis en place des mesures d'assouplissement quantitatif, ce qui lui permet de relever ses taux sans problème afin d'assurer son mandat de stabilité des prix. Le mandat de la Fed n'est pas le même et la deuxième phase de « Quantitative Easing » (QE) n'est pas encore terminée. Une hausse des taux n'est pas envisageable. P. L. : Le consensus mise sur une remontée de 50 à 75 points de base des taux européens cette année. Cela ne va pas changer dramatiquement le financement de l'économie. Aux États-Unis, la Fed ne remontera pas ses taux tant que le chômage n'aura pas sensiblement baissé.

Faut-il s'inquiéter du niveau de la dette américaine ?

P. L. : Le plan Obama va clairement dans le bon sens. Mais il existe un risque sérieux que les taux longs remontent. Ce que les États-Unis gagneront d'un côté serait alors perdu de l'autre. L'interrogation porte aujourd'hui sur ce qu'il va se passer quand QE2 s'arrêtera. E. L. : Une correction du déficit est nécessaire, mais la question de la soutenabilité de la dette se posera le jour où les taux seront supérieurs à la croissance nominale. Reste que la fin de QE2 et la remontée probable des taux longs vont accentuer le besoin d'une correction crédible. Sinon, la prochaine crise souveraine ne sera pas européenne, mais américaine.

 

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