Le retour fou des farines animales

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Par Michel Cabirol, rédacteur en chef à La Tribune.

L'histoire qui bégaie. Ce n'est pas nouveau mais c'est toujours aussi troublant. Surtout quand cela concerne notre santé et nous replonge dans les peurs les plus profondes de notre inconscient collectif. Plus de quinze ans plus tard, l'une des plus graves crises agroalimentaires de l'histoire européenne pourrait se rappeler aux bons souvenirs des Français, obligés de réviser leur abécédaire de la crise de la "vache folle" : prion, encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), tremblante du mouton... Bref, le retour des farines animales dans les auges de nos porcs, les mangeoires de nos volailles et dans les bassins des poissons est revenu à l'ordre du jour. Seule la filière bovine, par qui le scandale était arrivé, en est pour l'heure exclue. Les experts français ont déjà donné leur feu vert. Aux politiques de valider ce choix en septembre prochain.

Un simple rappel des faits est édifiant. Cette crise majeure des années 90 avait eu un coût exorbitant pour la filière agroalimentaire européenne. Au-delà des 185.000 vaches atteintes d'ESB en dix ans, des milliers de troupeaux sacrifiés et plus de 200 victimes humaines de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, la confiance des consommateurs avait été très fortement ébranlée. Entre autres, par les révélations sur l'alimentation donnée par les éleveurs à leurs ruminants. Pour faire simple, une vache pouvait manger des farines animales à base de restes de vaches... Quinze ans après, le traumatisme n'est pas oublié. N'en déplaise aux éleveurs, qui sont certes poussés par des considérations économiques. Le cours du soja, substitut des farines animales et importé du Brésil notamment, s'est beaucoup envolé ces dernières années. Pour autant, attention de ne pas jouer les apprentis sorciers au moment où l'ESB est quasi éradiquée en France.