Banque : le cavalier seul britannique

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Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

En 2007, Nicolas Sarkozy avait fait campagne sur le thème de la rupture. Le gouvernement britannique, lui, la met en pratique. Et, de façon surprenante, la City en fait aussi les frais. Après avoir taxé les bonus 2009, alourdi la fiscalité des revenus supérieurs à 180.000 euros par an, voilà que le chancelier de l'Échiquier, George Osborne, reprend à son compte les conclusions de la Commission chargée de tirer les leçons de la crise financière. Il entend forcer les banques du royaume à isoler leurs métiers à risques pour protéger leurs activités de détail. On peut le comprendre : Londres a dû mettre 582 milliards d'euros sur la table, en prêts ou garanties, pour sauver son système financier !

Le courroux des Britanniques à l'égard des banquiers ne s'est pas apaisé. On peut aussi constater que Londres ne se départit pas d'une certaine prudence. L'idée d'une scission complète des activités de banque d'investissement et de dépôts a été abandonnée au profit d'un "isolement" dont on sait encore peu de chose. Mais il n'empêche. Les projets d'Osborne étonnent. D'abord, parce que les activités financières dites à risques ne sont pas à l'origine de la crise. Celle-ci est née outre-Atlantique d'une politique désastreuse dans le crédit immobilier aux particuliers. Northern Rock, la première banque britannique à être emportée par la tourmente à l'automne 2007, était justement spécialisée dans ce métier.

Les banques d'affaires n'ont pas créé la crise, elles l'ont disséminée... en revendant ces crédits immobiliers sous forme de produits financiers. Ensuite, parce que, en s'engageant dans la voie d'un "isolement" des activités à risques, la Grande-Bretagne prend une voie opposée à celle des autres pays européens. Et, surtout, à celle des États-Unis, où les banques d'affaires mises à mal par la crise ont été pour la plupart... rachetées par les géants de la banque de détail ! Le cavalier seul britannique signe l'échec des ambitions du G20, qui avait cru possible une régulation financière mondiale.