L'atome, enjeu d'influence internationale

Par François Roche, conseiller éditorial à La Tribune.
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Bien d'autres raisons que celles tenant à l'équilibre de sa balance énergétique poussent un pays comme la France à dire "oui" au nucléaire. Il s'agit de préserver un potentiel scientifique et de recherche qui s'est développé pendant des décennies. Il s'agit surtout de conserver l'influence de la France dans un certain nombre de régions du monde, où se dérouleront les batailles commerciales de demain. Les marchés futurs du nucléaire sont en grande partie dans les pays émergents d'Asie : Vietnam, Philippines, Malaisie, Birmanie, la Thaïlande, sont tous, à des degrés divers, en train de réfléchir sérieusement à se doter de l'énergie nucléaire civile. Autant de marchés futurs sur lesquels la concurrence s'annonce particulièrement rude.

Exporter des centrales nucléaires, c'est bénéficier d'un certain statut sur la scène mondiale. Regardons le cas de la Russie. Depuis l'accession de Vladimir Poutine au pouvoir, en 2000, l'industrie nucléaire russe est l'objet de toutes les attentions du pouvoir. Ce sont des proches du Kremlin qui y exercent les responsabilités les plus importantes. L'actuel patron de Rosatom, qui regroupe l'ensemble des activités de la Russie dans le nucléaire civil, est, depuis 2005, l'ancien Premier ministre, Serguei Kirienko, resté dans toutes les mémoires puisque c'est lui qui était en place lors de la dévaluation massive du rouble, en août 1998. "Personne n'a le droit d'empêcher un pays d'avoir accès à cette source d'énergie fiable et stable", a-t-il déclaré récemment. Et pour cause. La Russie déploie depuis de nombreuses années un lobbying intensif pour exporter son savoir-faire un peu partout dans le monde, particulièrement en Inde, au Vietnam, en Turquie et ailleurs. Sans parler de l'Iran, où Rosatom est le maître d'oeuvre de la première centrale nucléaire civile à Busher.

La France aussi a toujours fait de l'exportation de sa technologie nucléaire civile une arme d'influence économique et politique. Même si ce n'est pas l'élément central de la volonté du gouvernement de poursuivre dans le nucléaire, cela ne peut pas y être totalement étranger.

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