Carrefour face aux réalités de l'économie financière

Par François Roche, conseiller éditorial à La Tribune.
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Qui aurait pu prédire que Carrefour, qui fut jadis une véritable icône de la Bourse de Paris, sombrerait de façon aussi spectaculaire dans une crise de modèle économique et de gouvernance ? Entreprise familiale à l'origine, elle introduisit en France le concept du "supermarché", alors emprunté aux Etats-Unis. Elle a contribué au développement spectaculaire de la grande distribution en France et s'est progressivement instituée en modèle de la grande entreprise internationale à la française. Pendant des années, c'est qui a fait la tendance de la grande distribution, usant les concepts les uns après les autres, qu'il s'agisse du développement du discount, de la conception des magasins ou de la politique de promotion des cadres et des employés. La crise actuelle que traverse l'entreprise est due à de nombreux phénomènes, dont certains sont exogènes à son mode de fonctionnement, comme la crise économique de 2007-2008 qui a entraîné une contraction de la dépense des ménages un peu partout dans le monde.

Mais il est certain que , depuis quelques années, a changé de nature. Elle est devenue un "objet" financier qui doit se comporter comme tel et donc rémunérer ses actionnaires à hauteur de leurs espérances, arbitrer entre son redéploiement à long terme et la nécessaire génération de cash-flow et, surtout, se plier à la logique d'actionnaires poursuivant des objectifs de plus-value et de rentabilité à court terme, dont la déception - et donc la volonté de trouver des issues coûte que coûte - ne souffre pas de contestation. C'est un euphémisme de dire que la scission d'avec sa branche discount, Dia, n'est pas automatiquement productrice de valeur à moyen terme pour . Mais ce n'était pas l'objectif de l'opération, dont le but est d'indemniser des actionnaires dont le capital a fondu ces deux dernières années et qui disposent de la majorité en assemblée générale pour imposer une telle décision.

C'est la dure réalité de l'économie financière contre laquelle les minoritaires et les salariés ne peuvent pas grand-chose. Que des grands groupes comme , qui incarnaient d'autres valeurs dans le passé, soient astreints désormais à cette logique est un enseignement en soi.

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