Remède de cheval ou placebo ?

Par François Roche, conseiller éditorial à La Tribune.
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L'industrie pharmaceutique ne dira certainement pas merci aux laboratoires Servier. L'ensemble des mesures annoncées hier par Xavier Bertrand, ministre de la Santé, constituent en effet, au moins sur le papier, un resserrement spectaculaire du cadre réglementaire dans lequel évolue l'industrie pharmaceutique en France. Qu'il s'agisse de l'efficacité des médicaments, des conditions de leur mise sur le marché, de la réévaluation de la pharmacopée, de l'information du public sur les liens entre médecins, experts, fonctionnaires avec les laboratoires, de la composition des commissions statuant sur les médicaments, de la publicité donnée à leurs débats, tout cela participe bien en théorie d'un "changement de culture" pour reprendre les termes de Xavier Bertrand.

Certes, le gouvernement se garde bien de suivre la proposition de l'Inspection générale des affaires sociales d'interdire la visite médicale des représentants des laboratoires chez les médecins, ce qui eût constitué une décision forte en même temps qu'une véritable déclaration de guerre à l'encontre de l'industrie pharmaceutique. Attendons de voir comment la puissance publique compte encadrer sérieusement cette pratique. Ce dispositif est-il à la hauteur des dysfonctionnements graves révélés par l'affaire du Mediator ? Probablement pas. Ce n'est pas faire de procès d'intention au gouvernement que d'anticiper une féroce bataille de lobbying autour des principales dispositions du projet de loi que le ministre entend présenter début août et qui pourrait être discuté à l'automne.

Les laboratoires ont réussi à influencer la machine administrative pendant des années et en ont tiré des profits impressionnants. Soumis à d'intenses pressions économiques, comme l'expiration de brevets sur des médicaments stratégiques ou la montée en puissance des jeunes pousses de la biotech, ils feront tout pour préserver leur marge de manoeuvre en France. Il faudra donc se montrer vigilant sur la façon dont se traduiront dans la loi les principes énoncés par le ministre de la Santé, ne serait-ce que par respect pour les victimes du Mediator.

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