L'autre politique "quantitative easing"

Par Jérôme Marin, correspondant de La Tribune à New York.
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Si certains à Wall Street espéraient encore une troisième phase de "quantitative easing", Ben Bernanke s'est chargé de les ramener sur terre : QE2 prendra bien fin demain et il n'y aura pas de QE3. Huit mois après la mise en place de ce programme de rachats de bons du Trésor, pour un montant de 600 milliards de dollars, la Fed tourne la page. "Les conditions ne sont plus les mêmes", a justifié son président, lors de sa désormais traditionnelle conférence de presse trimestrielle. Bernanke n'a cependant pas fermé la porte à de nouvelles mesures de soutien à l'économie américaine. Mais seulement si la conjoncture venait à brutalement se dégrader. Ce qui n'est pas - encore, lancent les plus pessimistes comme l'économiste David Rosenberg, qui prédit une nouvelle récession pour l'an prochain - d'actualité. Pas de quoi faire plaisir aux marchés, qui commencent sérieusement à s'inquiéter de la persistance du ralentissement qui frappe le pays depuis le début de l'année.

La mesure de soutien attendue, c'est finalement l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui l'a donnée dès le lendemain lorsque ses membres, Etats-Unis en tête, ont décidé de puiser 60 millions de barils de pétrole dans leurs réserves pour alimenter le marché pendant un mois. Officiellement, pour compenser la perte de production provoquée par les conflits en Lybie, alors que l'Opep n'était pas parvenue à s'entendre sur une hausse de ses quotas. Objectif des pays industrialisés : peser sur les cours pétroliers qui, bien qu'en baisse, évoluaient toujours au-delà des 95 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Et éviter une nouvelle flambée alors que la "driving season" américaine va bientôt débuter. Cela pourrait "mettre en péril la fragile reprise économique mondiale", indique l'AIE. Mission accomplie sur ce point: après cette annonce inattendue, le prix du baril a chuté. Et les économistes chiffrent de 0,3% à 0,5% l'impact positif de cette décision sur la croissance. "C'est l'équivalent d'une baisse coordonnée des taux", estime Ross Certo de Gleacher & Co. Voila donc qui fera office, pour l'instant, de QE3 !

Paradoxalement, cette annonce n'a pas suscité un grand enthousiasme à Wall Street. D'abord parce qu'elle va peser à court terme sur les profits des groupes pétroliers, à forte pondération dans les indices. Mais surtout parce qu'elle est interprétée comme l'aveu que les difficultés économiques pourraient perdurer au-delà du seul premier semestre. En somme : il faudra que la Fed ressorte sa boite à outils non conventionnels. "Bien sûr qu'elle pourrait repenser à QE3 mais si cela ne génère pas les effets escomptés ? On mettra en place QE4 ?", rétorque Gordon Charlop de Rosenblatt Securities. "A un moment, il faudra retirer les mesures de soutien de l'équation. Quand ? Cette heure est peut-être déjà arrivée. Si les marches prennent un peu de recul, ils s'apercevront que ce n'est pas dramatique. Mais s'ils rechutent alors Ben Bernanke devra à nouveau intervenir".

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Commentaires 2
à écrit le 29/06/2011 à 6:56
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trop de termes anglais ! pour moi qui vient de passer des semaines avec des québécois c'est une honte !! ne me dites pas que c'est intraduisible en français !!!

le 30/06/2011 à 0:13
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Vous avez bien raison. Moi je lis les penseurs économiques autrichiens qui écrivent dans un français clair d'habitude. Sinon le QE, ça désigne peu ou prou la planche à billets mais ça mériterait effectivement d'être traduit et mieux expliqué.

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