Un répit en attendant la restructuration ?

Athènes a obtenu un ballon d'oxygène. Mais, à moyen terme, les efforts seraient tels, pour seulement stabiliser la dette, qu'une restructuration paraît inévitable.
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Bien sûr, le soulagement prédomine après le vote du Parlement grec. La catastrophe n'aura donc pas lieu. La Grèce est-elle, pour autant, tirée d'affaire, à moyen terme ? Les données macroéconomiques et financières ont de quoi plonger dans la perplexité. « Jamais, soulignait récemment le financier Guillaume Hannezo, associé chez Rothschild, un pays n'a eu à faire face à une situation aussi dégradée, sans voie de sortie envisageable. »

Les Grecs sont assommés par leur endettement, nul ne l'ignore plus. Mais dans l'hypothèse hasardeuse où celui-ci disparaîtrait par enchantement, leurs problèmes financiers ne seraient pas résolus pour autant. « Prenez Eurotunnel, sans dette, la société aurait toujours été parfaitement viable, n'aurait eu aucun problème financier », affirmait Guillaume Hannezo, à l'occasion des entretiens de Strasbourg organisés par le think tank Terra Nova. « La Grèce, c'est différent. Athènes ne peut même pas annuler sa dette - si tant est que cela soit envisageable -, car les administrations seraient, après coup, toujours en déficit, et auraient encore besoin des marchés qui, évidemment, seraient alors aux abonnés absents. »

De fait, le déficit public grec représentera cette année à peine moins de 10 % du PIB. Dans ce total, les intérêts à payer sur la dette pèsent lourd (entre 6 et 7 % du PIB). Mais s'ils étaient effacés, il resterait un déficit dit primaire, c'est-à-dire hors charges financières, représentant donc entre 3 et 4 % du PIB. La dette ne résume donc pas entièrement le problème grec...

Pour obtenir simplement une stabilisation de cet endettement, en proportion du PIB (autour de son niveau actuel de 150 % !), il faudrait que les comptes publics dégagent au contraire un excédent primaire annuel de 1 à 3 % du PIB. La marche à franchir représente 4 à 7 points de PIB. Inenvisageable à court terme. La dette grecque va donc continuer de galoper, et avec elle les charges d'intérêt, même si le FMI et l'Europe prêtent à Athènes à des taux préférentiels.

Dévaluation envisageable

Les exemples passés, souvent mis en exergue, de réduction du déficit à marche forcée n'ont rien à voir avec le cas grec : si la Suède ou le Canada ont pu diminuer rapidement leur impasse publique - initialement supérieure à celle de la Grèce -, c'est grâce à des dévaluations massives, favorisant le retour à une croissance forte basée sur l'exportation. Une dévaluation qu'Athènes ne peut, par définition, envisager.

Les plus optimistes estiment que la Grèce pourrait s'en sortir au moyen de l'aide de l'Europe et d'une croissance retrouvée, autour de 2 à 2,5 % l'an. Mais sur quelle base renouer avec cette croissance, alors que le PIB ne cesse de reculer (? 3,5 % en 2011), sous l'effet de mesures drastiques qui ont miné la consommation ? En outre, des réformes profondes sont nécessaires, mais pas vraiment en marche : blanchir le travail au noir - le PIB s'en trouverait immédiatement relevé - et faire payer des impôts aux nombreux amateurs d'évasion fiscale.

S'agissant des dépenses, une remise en cause du budget de la Défense (de 3 à 4 % du PIB) serait évidemment nécessaire. Le gouvernement grec y est-il prêt ?

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