Déclin économique, déclin militaire

Par vsegond@latribune.fr  |   |  353  mots
Copyright Reuters
Par Valérie Segond, journaliste à La Tribune.

C'est au moment même où quelques membres du Conseil de sécurité de l'ONU multipliaient les opérations d'interventions extérieures que la crise de la dette des pays développés est entrée dans une phase critique. Simple coïncidence, ou mise en garde brutale de l'histoire ? Il y a vingt ans, l'historien Paul Kennedy n'avait-il pas démontré que le déclin des empires commençait lorsque leur économie ne parvenait plus à financer leurs engagements militaires ? Cette concomitance conduit à s'interroger, sans se laisser éblouir par les défilés rutilants du 14 Juillet : les pays riches ont-ils encore les moyens financiers de tenir leur rang de gendarme du monde ?

Certes, le surcoût, pour la France, de 1 milliard d'euros des opérations extérieures en Afghanistan, en Côte d'Ivoire et en Libye, ne fait pas à lui seul déraper un budget militaire de 30 milliards en 2011 (1,6% du PIB). Si nos états-majors s'interrogent, c'est plutôt sur la capacité de notre armée, aujourd'hui au taquet, à tenir le coup si ces interventions devaient durer. Les Etats-Unis aussi, dont l'endettement est en passe d'atteindre le plafond autorisé par le Congrès, n'auront plus les moyens de mener des opérations d'envergure comme les guerres en Irak ou en Afghanistan qui, ensemble, lui ont coûté 150 milliards de dollars par an. Ces guerres ont accru sa dépendance vis-à-vis des marchés, et demain des agences de notation. Ce qui a déjà contraint le président Obama à annoncer une réduction de 400 milliards de dollars sur dix ans du budget américain de la Défense, à cesser les opérations de combat en Libye quelques jours après le début des opérations et à accélérer le retrait de ses troupes d'Afghanistan malgré l'échec de la "pacification" du pays.

Ce revirement, qui confirme le lien entre puissance économique et militaire, annonce chez tous les pays riches, à commencer par la France, un nouveau rétrécissement de leurs priorités stratégiques. Vont-ils devoir laisser la place à la Chine et à l'Inde, dont les budgets militaires progressent, eux, de 10% l'an ?