Stress test politique

Par Jacques Rosselin, directeur de la rédaction à La Tribune
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À qui la faute ? Tandis que l'Europe s'enlise dans une crise financière et politique sans précédent, la liste des boucs émissaires s'épuise. Les cyniques agences de notation, les Grecs paresseux ou les banques avides ont, pendant un temps, fait l'affaire. Aujourd'hui, le malaise s'installe et les regards se tournent vers les politiques. Et le spectacle n'est pas rassurant. Alors que son pays, dont la dette représente plus de trois fois celles de la Grèce, du Portugal et de l'Irlande réunies, est dans la ligne de mire des agences de notation, Berlusconi échange des insultes de bistrot avec son ministre des Finances. À deux semaines d'un défaut de paiement, républicains et démocrates débattent de l'imposition des plus riches. En France, deux candidats potentiels de l'opposition à la présidentielle nous expliquent qu'ils vont ramener le déficit budgétaire de 8 % à 3 % dès 2013, tandis que le ministre des Finances annonce avec satisfaction les bons résultats de nos banques à l'épreuve des fameux « stress tests », ceux-là même qui ne tiennent pas compte d'un probable défaut souverain dans la zone euro.

Enfin, outre une présentation avantageuse par chacun des dirigeants nationaux des résultats (il faut en réalité parler de 20 à 25 banques sur 91 montrées du doigt par ces tests, et non de 4), leur influence dans le déroulement des tests et le choix des banques a pesé. Si l'on ajoute les petits calculs nationaux des périodes électorales, le constat s'impose : ce sont bien les politiques qui portent la lourde responsabilité du craquement de l'Europe. Cette défiance à l'égard des dirigeants s'est pour le moment exprimée par des manifestations, l'occupation pacifique de places historiques et la rhétorique gentillette des mouvements des « indignés ». Mais cette mise en cause pourrait prendre des formes beaucoup plus inquiétantes dans une Europe sensible aux thèmes extrémistes. Espérons que les gouvernants qui se réunissent jeudi prennent la mesure de ce risque et envoient un signe fort, non seulement aux marchés, mais aussi aux citoyens européens.

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