Les politiques s'agitent, la BCE agit

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Par Eric Benhamou, éditorialiste à La Tribune.

Conspuée par les opinions et vouée aux gémonies par les chefs d'Etat européens qui l'accusent de "sacrifier l'Europe au dogme", la Banque centrale européenne (BCE) est, une fois de plus, à la manoeuvre. Comble de l'ironie, ses détracteurs les plus déterminés n'ont pas hésité à l'appeler au secours lorsque les événements commençaient à leur échapper. Le gouverneur de la BCE, Jean-Claude Trichet, a répondu présent en acceptant d'acheter sur le marché des obligations italienne et espagnole, ce qu'elle se refusait à faire jusqu'ici.

C'est une initiative majeure et concrète alors que l'accord de Bruxelles du 21 juillet semble avoir fait déjà long feu et que la dégradation de la note américaine a singulièrement mis l'Europe et les Bourses sous pression. Mais si la BCE peut intervenir aujourd'hui massivement, c'est qu'elle a su résister ces derniers mois aux pressions incessantes de politiques aux abois et conserver l'essentiel de ses munitions, contrairement à la Réserve fédérale américaine. Son taux directeur est de 1,5% - ce qui laisse une marge de baisse - et ses achats de dettes souveraines ont été finalement parcimonieux depuis mai dernier. Mieux, la BCE a aussi imposé aux États, notamment l'Italie, ses conditions d'intervention, comme un sévère rappel des engagements pris pour accélérer les réformes visant à réduire la dette.

Dans la tempête, la BCE garde non seulement le cap et elle met désormais clairement le politique face à ses responsabilités. En ce sens, elle apparaît comme le véritable ferment de la gouvernance européenne à l'heure où les chefs d'Etat se défaussent.