La leçon Bernanke

Par François Roche, conseiller éditorial.
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Mieux vaut la dette que la récession... C'est un peu le message que Ben Bernanke a adressé vendredi à la Maison-Blanche et au Congrès. Sous entendu : n'attendez pas de la Réserve Fédérale qu'elle se substitue à la décision politique pour relancer la croissance de l'économie américaine. « Parvenir à la viabilité budgétaire à long terme et empêcher le budget d'aller à la rencontre de la reprise actuelle n'est pas incompatible », a-t-il encore expliqué pour préciser encore sa pensée. Cette prise de position traduit assez bien la lassitude de la Fed devant la paralysie du système politique américain concernant le plan de réduction de dépenses et la nécessité de prendre de nouvelles mesures pour relancer l'activité. Jean-Claude Trichet est dans le même état d'esprit. La BCE a largement participé à rassurer les marchés sur le risque grec, italien ou espagnol, alors que les gouvernements européens tergiversent sur les moyens dont il faut doter le Fonds européen de stabilité financière, pour ne prendre que cet exemple. Certains pays comme la Finlande imaginent même pouvoir obtenir des « garanties », au risque de faire capoter l'ensemble des discussions. Non, les banques centrales ne peuvent pas tout faire. Elles subissent des pressions du monde politique comme rarement dans le passé car les pouvoirs politiques sont impuissants à trouver des remèdes à la crise actuelle. Les États-Unis et l'Europe se sont endettés pour relancer leur économie. Pour un certain nombre de raisons, et notamment la crise née en 2007, ils ont échoué. Ils cumulent aujourd'hui une dette très élevée et des taux de croissance faibles. Si cela perdure, c'est le début d'un cycle infernal : la fuite de l'épargne mondiale vers de nouveaux actifs plus « sûrs » comme l'or ou les monnaies de certains pays émergents, ce qui pourrait entraîner un manque de liquidités pour les États-Unis et l'Europe. La seule solution, ce sont des plans de relance ambitieux, convaincants, portés par des consensus politiques forts, pour que la croissance revienne. Tout plutôt que l'inaction, les discussions, les atermoiements et la peur des agences de notation.

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