Bourses : après la chute, le rebond ?

La brutale chute des cours boursiers, en plein été, doit-elle inquiéter ? Elle tient à des facteurs à la fois économiques, psychologiques, et structurels. Rien ne dit qu'elle va durer : les entreprises savent s'adapter.
Copyright Reuters

La baisse du cours des actions de ces dernières semaines surprend davantage par sa brutalité que par son ampleur. On a connu des effondrements bien pires en amplitude, mais rarement d'aussi rapides. Ce recul a touché, chronologiquement comme en gravité de la correction, d'abord l'Europe, puis les États-Unis, et enfin les pays émergents. Cet effet de contagion et cette brutalité sont-ils pour autant annonciateurs de l'apocalypse, en particulier sur notre continent ? En réalité, trois séries de causes se sont combinées pour expliquer un effondrement spectaculaire mais pas forcément durable.

1. Les causes économiques

Le ralentissement de la croissance mondiale n'est pas, en soi, une surprise. De son côté, Coe-Rexecode avait prévu que la hausse du prix du pétrole et des matières premières aboutirait à un prélèvement de pouvoir d'achat de 1 point de PIB pour les pays développés et de 3 points pour les pays émergents. Le ralentissement était perceptible avant l'été, mais il restait modeste et inférieur à ces chiffres. Il n'est pas anormal qu'il se soit confirmé et accentué depuis lors. L'économie mondiale a d'ailleurs déjà connu des situations comparables. Dans le passé, elles avaient débouché soit sur un retournement de conjoncture (une récession), soit sur une simple pause temporaire. L'une et l'autre de ces évolutions sont aujourd'hui possibles. Mais l'expérience montre que, pour qu'un choc de prix externe débouche sur une récession, il faut qu'il soit amplifié par des enchaînements récessifs d'origine interne : principalement des excès de stocks et d'investissements qui doivent se corriger. Cette perspective est aujourd'hui peu probable dans les pays développés car les stocks et l'investissement sont plutôt bas.

2. Les causes psychologiques

Les incertitudes et les effets de surprise ont été nombreux depuis début juillet et ils se sont succédé de façon très rapprochée : menace de défaut de la Grèce, volonté politique d'impliquer le secteur bancaire (en zone euro), déclarations gouvernementales contradictoires, révisions à la baisse inhabituelles et spectaculaires du taux de croissance (aux États-Unis), perte de crédibilité de la politique économique (en Europe et aux États-Unis) et même doutes persistants sur l'avenir de la zone euro comme zone monétaire. Sans parler, cerise sur le gâteau, de l'intervention intempestive des agences de notation en pleine crise boursière : la dégradation de la dette américaine n'a apporté aucune information vraiment utile mais elle a contribué à la panique. En plein été, moment où les marchés sont traditionnellement peu profonds, cette succession de mauvaises nouvelles a créé les conditions idéales pour un coup de tabac, phénomène par nature brutal mais en principe bref.

3. Les causes structurelles

Au-delà de ces vicissitudes, il est vrai que nous vivons depuis une dizaine d'années avec un « conflit de croissance » de plus en plus aigu entre des pays développés à la peine et les pays émergents qui galopent. Ce conflit est un facteur d'instabilité chronique. En outre, les pouvoirs politiques apparaissent durablement impuissants : les marges des leviers budgétaires et monétaires ont disparu de part et d'autre de l'Atlantique et le seul levier qui subsiste est l'achat de dettes publiques, d'ailleurs à contrecoeur, par les banques centrales. Surtout, au sein de la zone euro, des divergences budgétaires et économiques sévères apparaissent clairement depuis dix-huit mois ; on ne pourra les surmonter qu'au prix d'une forte dose d'intégration supplémentaire. Pour les dettes publiques, des solutions techniques existent (étalement des dettes, « eurobonds »...) mais elles impliquent toutes une perte de souveraineté pour les États. Quant aux divergences économiques, de coût et de compétitivité, il revient à chaque pays de les corriger par des réformes profondes internes. À défaut, l'avenir de la zone euro pourrait être compromis. Par-delà la correction boursière de cet été, la question de savoir si l'économie mondiale se trouve au début d'un enlisement économique durable ou à la fin d'un gros à-coup de marché est, à ce stade, encore incertaine compte tenu des hypothèques politiques lourdes qui restent à lever. Le plus probable est que le ralentissement actuel conduira à une pause seulement temporaire du rythme d'activité, pause qui durera de trois à six mois. À court terme, des évolutions erratiques boursières sont possibles, y compris de nouvelles baisses des cours. Mais les entreprises, quelle que soit l'agitation de leur environnement, ne resteront pas inertes. Elles s'adapteront, réagiront et trouveront des moteurs de croissance et de création de valeur. Historiquement, les fortes baisses boursières débouchent toujours sur des rebonds, d'autant plus marqués que la chute a été vive.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.