Surcapitaliser les banques

Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction
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Christine Lagaffe, le retour ? En appelant samedi devant tous les banquiers centraux du monde à une recapitalisation urgente des banques européennes, la directrice générale du FMI a jeté de l'huile sur le feu. Comment, alors que les banques se relèvent à peine d'un été meurtrier sur les marchés, la directrice générale du FMI ose-t-elle ainsi réalimenter la machine à défiance qui frappe, de nouveau, la sphère financière ? Les « stress tests » avaient en juillet tenté de rassurer sur la solvabilité des banques européennes, et presque toutes avaient passé avec succès cet exercice (il est vrai de pure communication). C'est oublier que la confiance est un ingrédient hyper volatil. Les banques européennes ont d'ailleurs tellement confiance entre elles qu'elles ont, à nouveau, cessé de se prêter de l'argent sur le marché interbancaire ! En réalité, la déclaration de Christine Lagarde, sans doute inappropriée dans son timing, ne doit pas être prise à la légère. Car, on l'a vu il y a trois ans avec Lehman Brothers, il n'y a pas loin d'une crise de liquidité à une crise de solvabilité. La situation est même probablement plus grave encore car, cette fois, les banques ne pourront plus compter sur le filet de sécurité des États. Les opinions publiques ne supporteraient pas que le contribuable soit de nouveau sollicité pour sauver une banque, fût-ce par sa nationalisation. Bien sûr, la communication des banques assure que tout va très bien. C'est oublier les nouveaux ratios de liquidité exigés par les régulateurs, qui vont peser sur leur rentabilité. C'est oublier aussi que leurs comptes seraient très fortement affectés par un nouveau plongeon en récession des économies européennes. On doit donc lire l'intervention de Christine Lagarde comme un appel au changement dans l'attitude des régulateurs. Joseph Stiglitz qualifiait récemment la finance « d'arme de destruction massive ». L'équilibre économique mondial dépend de la solidité des banques. C'est pourquoi elles ne doivent pas être seulement bien capitalisées, mais surcapitalisées, pour pouvoir affronter les chocs à venir.

 

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