"Terra incognita"

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Par François Roche, conseiller éditorial à La Tribune.

Un jour ou l'autre, il fallait bien arriver à cette situation : puisqu'il n'existe apparemment pas de consensus pour appliquer de façon ferme, décidée et totale les accords du 21 juillet sur le Fonds européen de stabilité financière et les modalités d'une nouvelle aide à la Grèce, les scénarios du pire reprennent de la consistance. Ils sont d'autant plus tentants que le gouvernement grec peine à mettre en oeuvre le plan de redressement de ses finances publiques, que les informations qui nous viennent d'Athènes sont toutes négatives et que, dans ces conditions, le syndrome du tonneau des Danaïdes grignote peu à peu les certitudes des plus convaincus des Européens. Il faut dire que, en quelques jours, le temps s'est singulièrement gâté.

Discuter de nouvelles garanties que la Grèce pourrait apporter à ses créanciers européens, comme le font en ce moment à Bruxelles les grands argentiers de l'Union, revient à reconsidérer l'ensemble du plan initial. Insister sur la nécessaire recapitalisation des banques comme le prône le FMI signifie qu'à Washington on ne nourrit guère d'illusions sur le fait d'éviter un défaut d'Athènes et que les banques doivent donc l'anticiper dans la façon dont elles comptabilisent leurs obligations grecques. Exiger, comme semble vouloir le faire Berlin, que le Bundestag autorise chaque décaissement du FESF, revient à rendre ce Fonds difficilement gouvernable. N'en jetez plus, la cour est pleine. Certes, la messe n'est pas dite. On ne peut pas exclure que dans la dernière ligne droite, l'Europe se ressaisisse et que ceux qui plaident pour plus de gouvernance économique et de solidarité financière au sein de la zone euro finissent par être entendus. Mais le temps presse. À défaut, l'Europe va devoir affronter les incertitudes d'une vraie "terra incognita"...