Le supplice grec

Par Eric Walther  |   |  317  mots
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Par Eric Walther, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

A quoi bon accabler encore davantage la Grèce ? Après tout, son incapacité à mettre en oeuvre les plans censés la sauver est aussi le miroir des turpitudes et aveuglements de ses débiteurs affolés qui ont bien voulu lui concéder un sursis pour s'en assurer un eux-mêmes. Elle révèle chaque jour un peu plus l'état gazeux de l'appareil d'État d'une nation qui a inventé la démocratie, mais nous rappelle aussi à nos propres impérities individuelles et collectives. C'est finalement un véritable supplice chinois que nous font vivre les Grecs qui, rappelons-le tout de même, sont aujourd'hui ceux qui souffrent le plus de cette crise. Il y a d'abord eu la révélation brutale du cynisme de ceux qui ont participé au camouflage de la déliquescence du pays en échange de quelques milliards de "fees". Pas facile de donner maintenant des leçons de vertu à ceux qui doivent produire des efforts. Et puis la dette, qui est tout d'un coup devenue un sujet dramatique à traiter toutes affaires cessantes. Que n'avait-on songé à s'y atteler plus tôt si la maladie était si grave ? Enfin, l'euro, l'Europe, la gouvernance...

Quelle humiliation ! Oui, c'est vrai, l'Union n'est souvent parvenue à progresser que dans l'urgence, au bord d'un précipice qui l'attire si souvent. On n'en est plus là. L'accord miracle du 21 juillet devait faire respirer toute la planète financière. Il n'était juste pas précisé, ou en tout cas pas explicité, qu'il devait recevoir ratification des parlements de dix-sept pays. Et que cela prendrait du temps, voire que ce serait peut-être impossible. Le calvaire n'est malheureusement pas fini, loin s'en faut. On en vient presque à regretter le temps où les Athéniens pratiquaient la mise à mort expéditive, Platon en fit l'expérience, en administrant à ses condamnés une potion chargée de ciguë.