"Israël doit s'excuser et verser des compensations financières"

Interview avec le ministre de l'économie turc.
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Quels sont les objectifs de votre tournée cette semaine en Afrique du Nord avec 250 chefs d'entreprise turcs ?

L'Egypte est l'un des pays africains où la Turquie investit le plus et nous allons assurer la continuation de notre coopération. Même chose avec la Tunisie. Quant à la Libye, elle est le deuxième pays le plus important pour les entreprises turques du secteur du bâtiment. Mais dans ces trois pays notre approche diffère de celle de certains pays occidentaux qui s'intéressent avant tout aux ressources énergétiques, pétrolières et minières. Pas nous. Par exemple, nous avons apporté un soutien financier au conseil national de transition libyen (300 millions de dollars annoncés en juillet) non pas pour en récolter des fruits mais pour répondre aux besoins du peuple.

Vous avez annoncé le rappel de votre conseiller économique en Israel. Quelle conséquence pour le commerce bilatéral ?

C'est une mesure diplomatique qui n'aura pas de conséquence sur le commerce. Je le répète, actuellement, nous ne pensons pas prendre des mesures de rétorsions commerciales. Toutefois, le gouvernement israélien a commis des erreurs et est sur le point de perdre son 6ème partenaire commercial. Il doit s'excuser (pour le raid mené contre le Mavi Marmara, le 31 mai 2010 qui a fait 9 morts) et verser des compensations financières. Les turcs sont très attachés à leur honneur. Nous sommes prêts à tous pour le défendre et n'y renoncerons pas.

Votre principal partenaire économique, l'UE, est bousculé par une crise de la dette et vos voisins du Moyen Orient par des crises politiques. Quelles sont vos prévisions de croissance dans ce contexte?

Une crise en Europe aura évidemment des conséquences sur notre pays et nous souhaitons que la situation se rétablisse rapidement. Malheureusement, la France et l'Allemagne n'ont pas pris, à temps, les mesures qui auraient permis d'éviter la crise actuelle. L'Union européenne doit en tirer les leçons et accélérer les réformes structurelles comme l'a fait notre gouvernement après la crise de 2001. Aujourd'hui la Turquie est la 6ème économie européenne. Au premier trimestre 2011, notre taux de croissance a atteint les 11% et je pense que nous approcherons les 7% à la fin de l'année.

Le développement des relations avec les pays du Moyen Orient et de l'Afrique est-il la conséquence du ralentissement du processus européen ?

Non car nous avons développé ces relations avant que les négociations avec l'UE ne débutent, en 2005. Mais ces efforts nous ont permis de diminuer notre dépendance envers le marché européen et de limiter les effets de la crise de 2008. 48% de nos exportations restent dirigées vers l'UE mais depuis 2008, nous constatons un fléchissement lié à la baisse de la demande européenne. Tout en protégeant ce marché, nous avons donc commencé à nous diriger vers des pays où nous étions peu présents en Extrême Orient, Afrique et vers des pays avec qui nous avons des liens historiques, religieux ou ethniques.

Quels avantages économiques retirera la Turquie d'une adhésion à l'UE ?

Son adhésion profitera à l'Union Européenne elle-même ! Notre économie est beaucoup plus solide que celle de nombreux pays européens. Un seul exemple: le niveau de la dette publique au sein de la zone euro atteint les 88% du revenu national contre 41% en Turquie. Au lieu d'être un fardeau pour l'Europe, la Turquie la soulagera d'un poids économique.

 

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Commentaires 2
à écrit le 12/09/2011 à 13:40
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Loin des cliches de la gloire passee ou des politiques ringards ethniques européennes, la Turquie est clairement une chance pour l'Europe qu?elle va probablement pas saisir !!

le 03/11/2011 à 16:33
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n im por te quoi ... qu'elle reste la ou elle est la turquie . !

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