"Les Etats-Unis ont des bons du Trésor alors que nous n'avons pas d'eurobonds"

Le ministre belge des Finances explique à La Tribune sa vision de la crise de la dette dans la zone euro.
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Tim Geithner a appelé les Européens à se prendre en mains en renforçant leurs moyens d'intervention et en relançant la demande. Il n'a pas vraiment été entendu...

La nuance entre les Américains et les Européens, c'est qu'ils sont prêts à laisser un déficit plus important pour pouvoir maintenir la croissance. Alors que nous avons plutôt tendance à dire que si nous ne réduisons pas nos déficits, nous ne tiendrons pas la route. Notre logique, avec dix-sept Etats séparés, ne nous permet pas d'aller aussi loin que leur logique fédérale. Ils ont les bonds du trésor américain alors que nous n'avons pas d'euro-obligations et que nous n'avons pas un budget fédéral fort.

Wolfgang Schauble, le ministre allemand, s'est tout de même montré ouvert à un marché possible : l'Europe pourrait faire un effort si les Etats-Unis s'associaient à une taxe sur les transactions financières. Mais Tim Geithner a dit non ?

Il n'a pas dit non. Il a dit qu'il ne voulait pas entrer dans la logique d'une taxe sur les transactions financières. En revanche, il a confirmé qu'il préférait un prélèvement sur les banques en fonction de leur total de bilan. Il ne faut pas oublier que nous avons aussi cette discussion en Europe sur le type de prélèvement. Nous discutons aussi de la TVA sur les services financiers et nous ne pourrons pas tout faire en même temps.

Au-delà de ces différences avec les Américains, il y a surtout des divergences entre Européens. A l'image de l'Autriche qui semble voir l'aide financière à la Grèce comme de l'acharnement thérapeutique...

Il faut continuer à mettre la pression sur la Grèce. Mais il faut se rendre compte que toutes les aides que nous donnons à la Grèce, au Portugal et à l'Irlande, ce sont des aides que nous nous donnons à nous-mêmes. Croire que la zone euro va sans aucun risque pouvoir se passer de l'un de ses membres, c'est absurde, c'est risquer une contagion qui aura des effets aussi dévastateurs que le crise bancaire il y a trois ans.

A quelle échéance pensez-vous que l'Europe se dotera de véritables euro-obligations ?

C'est une question de quelques années. Pour y arriver, il va nous falloir renforcer l'intégration budgétaire car des pays en bonne santé comme l'Allemagne ne vont jamais accepter de solidariser la dette sans avoir la garantie que toute le monde aille dans la même direction. Il faut donc renforcer les moyens d'action de l'UE ou de la zone euro de manière à ce que si certains Etats ne font pas ce qu'il faut, l'UE ou la zone euro puissent prendre les décisions à leur place. Pas simplement envoyer des recommandations ou prendre des sanctions : décider à leur place et imposer des mesures à travers une mise sous tutelle. C'est évidemment un débat difficile car il s'agit d'une perte de pouvoir national, d'un transfert de souveraineté. Mais les Etats doivent aussi se rendre compte que cette décision-là a déjà été prise en créant l'euro...

Comment voyez-vous la sortie de crise ?

Cela va se passer comme dans le cadre bancaire. Nous allons d'abord devoir consacrer une ou deux années à sortir de la crise des dettes souveraines. Et si nous parvenons à en sortir sans trop de casse, sans se lancer dans des projets fous que l'on entend parfois, comme d'abandonner tel ou tel pays, alors nous pourrons redémarrer avec une croissance et une création d'emplois. C'est la seule façon pour nous d'en sortir. Mais je crois qu'il faut se dire que nous allons encore vivre une ou deux années de vigilance et de difficultés dans la zone euro.

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Commentaires 6
à écrit le 20/09/2011 à 1:42
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L'UE a grandi trop vite en largeur et pas assez en profondeur. Il aurait fallu d'abord parachever l'Europe des six pays fondateurs, avec une union monétaire flanquée d'une union fiscale. Seulement après une période de rodage on aurait pu faire rentre...

à écrit le 19/09/2011 à 18:08
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L'europe est composée de plusieurs pays et pas d'un seul et unique. Leur rêve assurément à tous ces technocrates mais pas le notre. Le déclin est avancé pour eux et c'est tant mieux pour notre sauvegarde

à écrit le 19/09/2011 à 14:48
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?????Ce n est pas le meme Mr Reynders qui nous informai, il n y a pas si longtemps dans ce journal, que memebre à l epoque de commission europeenne,cette derniere SAVAIT que les comptes grecques etaient TRUQUES, et l aval de l entree dans l Euro a to...

à écrit le 19/09/2011 à 13:14
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Toujours la même histoire: après le marché unique, la libre circulation des biens puis du capital et avec les contraintes du SME, l'obligation d'avoir une monnaie commune. Mais une monnaie commune sans un état commun, ça ne marche pas, donc il nous f...

à écrit le 19/09/2011 à 13:01
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on se calme avec les euro-bonds. d'abord les bons du trésors américains concernent l'état fédéral, donc une seule source de gabégie. les 50 états fédérés sont complètement en faillite eux aussi mais avec un autre système de bons ( chacun pour soi e...

à écrit le 19/09/2011 à 8:03
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Reynders confirme ce que nous savons depuis de longs mois la "zone" euro c'est l'état de crise permanent et cela va durer aussi longtemps que nous resterons dans ce machin absurde et mortifère.

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