Faire payer les riches, version Obama

Par froche@latribune.fr  |   |  355  mots
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Par François Roche, conseiller éditorial à La Tribune.

Ce n'est pas tout à fait la lutte des classes, mais cela y ressemble, et les opposants à Barack Obama ont largement usé de cette formule ces dernières heures à propos de son plan de réduction du déficit public : 3.000 milliards de dollars au cours des dix prochaines années. Car près de la moitié de l'effort sera assurée par des hausses d'impôts d'environ 1.500 milliards de dollars, tandis que 1,1 milliard de baisse des dépenses seront liées au retrait des troupes américaines d'Irak et d'Afghanistan. On ne saurait mieux rompre, de façon spectaculaire, avec l'ère Bush, en brisant deux tabous : les riches doivent payer davantage et l'Amérique n'a plus les moyens de mener des guerres longues.

Aux violentes critiques qui ont accompagné l'annonce de ce plan, Barack Obama a répondu simplement : "It's math..." L'objectif affiché par le président américain est d'appliquer aux revenus supérieurs à 1 million de dollars par an, le même taux d'imposition que les revenus de la classe moyenne. Surtout, il veut diminuer le différentiel d'imposition entre les plus-values en capital et les revenus ordinaires, qui est aujourd'hui d'environ 20%. C'est une autre façon de frapper au portefeuille les Américains les plus riches, qui pouvaient jusqu'à maintenant transformer certains revenus salariaux en plus-values, et donc payer moins d'impôts... Il ne fait aucun doute que cette annonce va déclencher une guerre de tranchées avec les républicains, qui avaient annoncé leur opposition de principe à toute hausse d'impôts.

Mais en ébranlant radicalement une certaine culture américaine protégeant les revenus et le capital des riches, au motif que ce sont eux qui entreprennent et créent de la valeur, Barack Obama tire les leçons de ce qu'il peut observer chaque jour : une Amérique désabusée, minée par le chômage de longue durée, que la crise des subprimes a profondément déstabilisée. Réduire le déficit pour relancer la croissance tout en faisant payer les riches peut fort bien faire office de viatique pour la campagne électorale qui s'annonce.