Une politique économique digne de ce nom

Par Jean-Henry Lorenzi, président du Cercle des économistes.
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Un budget sérieux doit reposer sur l'affirmation claire d'une réduction des déficits publics de 20 milliards d'euros et sur un axe de politique économique enfin explicité.

La réduction du déficit à cette hauteur n'est pas difficile à obtenir. Personne ne croira que, avec un volume d'environ 1.000 milliards d'euros de dépenses publiques, il est impossible de réduire celles-ci d'une dizaine de milliards. Et la dizaine de milliards en complément viendra d'une augmentation des impôts, via la suppression des niches fiscales. Mais la trajectoire de réduction de la dépense n'est crédible que si l'on remet la LOLF à l'ordre du jour. Car cette politique ne se fera qu'avec le soutien des acteurs publics, qui doivent disposer d'une vraie responsabilité dans leur gestion et une plus grande clarté sur leurs missions. C'était l'objectif de la LOLF. Au moment où tout gouvernement se lance dans une réorganisation assez forte de l'utilisation des crédits publics, il est impensable que l'on ne réorganise pas de manière simultanée le fonctionnement même des administrations. Plus de responsabilité, c'est ce que firent les pays qui nous servent inlassablement d'exemple : la Suède et le Canada. Sinon, nous buterons dès l'année prochaine sur les fortes réticences des administrations...

Côté recettes supplémentaires, il faut évidemment les cadrer par rapport à un taux de croissance réaliste, c'est-à-dire plus faible que celui annoncé, car le ralentissement vraisemblable de l'économie mondiale est plus significatif que nous ne l'estimions il y a encore quelques mois. Mais la réduction de la dette ne peut se faire qu'en s'inscrivant dans une politique économique vertébrée. Là, tout doit être centré sur les atouts dont nous disposons : une jeunesse très active et une épargne abondante. Cette dernière n'est pas suffisamment consacrée à des investissements de long terme. Le grand emprunt était une bonne idée, mais nous devons lancer son équivalent tous les ans pendant cinq ans. Son financement ne sera assuré ni par l'État, ni par le système bancaire, ni par les marchés, mais par l'épargne de long terme, soutenue par une fiscalité favorable. Il faut aussi une garantie minimale sur la dette si celle-ci était malmenée par la crise. Et cette garantie ne peut être donnée que par la puissance publique.

Par ailleurs, une bonne politique économique aurait deux autres objectifs à mettre en oeuvre : la préservation du pouvoir d'achat des 20 % de salariés autour du Smic, premières victimes d'un ralentissement. Pour cela, une organisation plus simple, plus concentrée, plus directe d'un dispositif unique, se substituant à la prime pour l'emploi, au RSA et à l'allocation logement, permettrait ce maintien. Et puis, pour la jeunesse, une priorité s'impose, une mesure sans coût, à savoir la suppression des contrats précaires, remplacés bien évidemment par un contrat unique avec périodes d'essai permettant de juger de leurs aptitudes. Ces chantiers, porteurs d'avenir, pourraient fournir la colonne vertébrale d'une politique économique donnant sens à la réduction de nos déficits.

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