Faisons un rêve, celui d'une politique de relance

Par Henri Sterdyniak, directeur du département économie de la mondialisation de l'Observatoire français des conjonctures économiques.
Copyright Reuters

La France et la zone euro se sont engagées depuis deux ans dans une stratégie suicidaire. Refusant de tirer les leçons de la crise financière, les milieux dirigeants et les technocraties feignent de croire que les pays développés pourront sortir de la crise en poursuivant, voire même en accentuant, les politiques qui y ont conduit : renforcement du Pacte de stabilité, réduction des dépenses publiques, stagnation salariale, soumission aux marchés financiers et aux agences de notation... Comme le montre l'évolution récente des économies de la zone euro, ces stratégies ne peuvent qu'enfoncer les pays européens dans la crise. Le « premier semestre » européen où les pays membres étaient censés coordonner leurs politiques budgétaires a été un échec. Aucun progrès ne sera réalisé vers un « gouvernement économique de l'Europe » si celui-ci signifie toujours plus d'austérité.

Faisons un rêve. Le budget 2012 devrait s'inscrire dans une stratégie européenne de sortie de crise et comporter cinq éléments. Compte tenu des politiques restrictives actuellement mises en oeuvre, la croissance de la zone euro ne devrait pas dépasser 1 % en 2012 (de même en France). La priorité doit donc être le soutien à la croissance.

Les pays de la zone euro ne peuvent vivre en permanence sous la menace des marchés financiers et des agences de notation. Leurs dettes publiques doivent redevenir des actifs sans risque. Sinon, l'Europe entre dans un scénario incontrôlable : les banques européennes ne pourront jamais être assez capitalisées pour satisfaire à des tests de résistance comportant des défauts des États. La France doit faire acter à l'échelle européenne que la BCE garantit les dettes publiques des pays de la zone. Il faut renoncer à des normes aveugles en matière de dépenses publiques. L'État ne doit pas montrer l'exemple de la réduction des effectifs et de la compression des dépenses, exemple catastrophique en période de dépression. L'école, l'hôpital, la justice, la recherche doivent avoir les moyens de fonctionner normalement. Il vaut mieux payer des enseignants, des policiers, des greffiers, des infirmières que des prestations chômage.

Une grande réforme fiscale doit être engagée autour de quatre principes : tous les revenus des ménages doivent être imposés à l'IR ; tous les revenus du travail doivent payer les cotisations sociales ; les revenus du capital (y compris les plus-values) doivent supporter la même imposition que celle du travail ; il faut supprimer toutes les niches fiscales et sociales, quitte à remplacer certaines par des subventions explicites. Exemple : une politique d'extension et de réhabilitation du logement social sera plus efficace que la défiscalisation des propriétaires. Il faut créer un taux marginal supérieur confiscatoire pour décourager les rémunérations exorbitantes. Et développer la fiscalité écologique, en utilisant son produit à réduire la taxation du travail. Enfin, il faut permettre aux épargnants français de financer leur industrie à travers une Banque de développement durable, qui apportera le capital nécessaire et le crédit à taux réduit aux projets industriels s'inscrivant dans cette politique.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 29/09/2011 à 8:33
Signaler
Comment peut-on avoir autant de diplômes en économie et faire preuve d'une incompétence aussi crasse ????? ineptie de la politique de la demande keynésienne, pratiquée depuis 40 ans et qui a coulé la croissance française. ineptie de la même tax...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.