Budget : le cauchemar de Sarkozy

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Par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Depuis cet été, Nicolas Sarkozy fait un cauchemar, celui de rester dans l'histoire comme le président qui aura vu la France perdre sa précieuse note AAA. Depuis que les États-Unis ont été dégradés par Standard & Poor's, le chef de l'Etat se fait envoyer chaque matin une note sur les principaux indicateurs de marché et suit presque heure par heure l'évolution du fameux "spread OAT-Bund" (l'écart de taux à dix ans entre la France et l'Allemagne) qui s'est envolé. Dès l'automne 2007, après que Nicolas Sarkozy eût dépensé plus de 10 milliards d'euros en cadeaux fiscaux pour tenir ses promesses électorales, son Premier ministre avait déploré être "à la tête d'un Etat en faillite". Quatre ans plus tard, à l'heure des comptes, tous les indicateurs sont au rouge. Le quinquennat s'achève sur des niveaux de dette, de déficits, de dépenses publiques et de prélèvements jamais atteints.

La crise de 2008 en est largement la cause, mais on ne peut s'empêcher de constater que ce résultat est aussi le fruit des retards pris par la France dans l'ajustement de ses finances publiques et d'une mauvaise politique économique. Comment expliquer sinon que l'Allemagne, qui a plus que nous souffert de la crise, ait d'aussi bons résultats ? Bien sûr, face au danger, Nicolas Sarkozy s'est engagé dans la bataille du triple A : pour la première fois de l'histoire budgétaire, les dépenses de l'État pourraient baisser l'an prochain. Et le président du pouvoir d'achat a aussi dû se résoudre à relever les impôts, y compris sur les plus riches, à rebours de ses promesses. Mais ce choix arrive bien tard. Avec ce budget, Nicolas Sarkozy lègue donc aux Français un choix cornélien pour 2012 : ils devront décider par qui et à quelle sauce ils seront mangés...

Pas de quoi faire rêver. D'autant que le rythme accéléré de cette rigueur budgétaire pèsera, au moins à court terme, sur l'activité, rendant encore plus difficile la baisse des déficits. C'est à se demander s'il ne vaut mieux une note AA avec un avenir plutôt qu'un AAA avec un glorieux passé !