La mort annoncée d'une banque est toujours une mauvaise nouvelle. Elle signe la dégradation d'une situation. Mais le second plan de sauvetage de Dexia, trois ans après une injection de 6 milliards d'euros de capitaux publics, est doublement inquiétant pour l'ensemble du secteur bancaire. Tout d'abord parce que la banque franco-belge a passé sans encombre la seconde série de "stress tests" européens il y a trois mois à peine. Des tests annoncés alors comme beaucoup plus "musclés" que la première série de 2010, qui n'avait pas su anticiper la chute des banques irlandaises. Dans un cas comme dans l'autre, les "stress tests" ont perdu toute crédibilité. De quoi stresser un peu plus les marchés.
Ensuite parce que Dexia affichait, en août dernier, lors de la présentation de ses résultats semestriels, un ratio de solvabilité Tier One de plus de 11 %, l'un des meilleurs de la place, et ce malgré de lourdes provisions. Cette sacro-sainte mesure de la solidité d'une banque, portée aux nues par les régulateurs et devenue le nouveau sésame pour accéder aux marchés, ne s'avère aucunement être une assurance tous risques.
Une fois de plus, les régulateurs semblent avoir oublié l'essentiel, à savoir jauger la capacité d'une banque à refinancer ses actifs. Il faudra bien que les autorités se penchent plus sérieusement sur la gestion bilantielle des banques. Bien sûr, chacun s'interroge sur la pertinence du modèle de banque spécialisée de Dexia. Le groupe n'a pas su être une banque de dépôts pour fabriquer des prêts, ni être une banque d'investissement pour vendre au marché son risque. L'erreur originelle de Dexia est peut-être de ne pas avoir pu faire en Europe ce que les banques américaines ont toujours su faire, c'est-à-dire sortir leurs créances des bilans. C'est tout le paradoxe : la chute de Dexia sonne comme une victoire en creux... de la titrisation.
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