Un G20 des entrepreneurs, pour des solutions à la crise

Par Grégoire Sentilhes, président du G20 YES, président de Nextstage.
Copyright Reuters

La crise d'un monde surendetté, des institutions financières, et les mouvements de toboggan des places boursières donnent l'impression d'un système économique et politique désincarné, coupé des réalités, sans boussole. La vision de nos hommes politiques, à force de résolutions d'urgence, à court terme, n'est-elle pas devenue obsolète ? Cette impression accentue dans l'opinion l'inquiétude et le pessimisme, alors que la reprise aurait, au contraire, besoin d'une vision inscrite dans la durée, et d'un climat porteur d'espoir, notamment pour les jeunes générations qui, à l'instar de celles du printemps arabe, des "indignés" en Espagne et des mobilisations en Israël, réclament un futur dans lequel elles puissent croire, une société qui les intègre économiquement et socialement, une croissance réelle et partagée.

En ce début de XXIe siècle strié par la crise et caractérisé par des changements majeurs tels que l'explosion démographique, l'allongement de la durée de vie, la bascule du pouvoir du monde occidental vers les pays émergents, le rôle d'Internet, la transformation inéluctable de nos modèles énergétiques, il est singulier de constater que l'un des acteurs et des moteurs majeurs de l'économie réelle soit totalement, ou presque, absent des plans et propositions pour faire face à cette crise : l'entrepreneur.

Paradoxalement, le système capitaliste, embarqué dans un mouvement de balancier entre le financement toujours plus lourd des missions de plus en plus larges des États et le développement de groupes multinationaux qui échappent de plus en plus à leur rôle social, ne semble plus savoir comment générer une dynamique de croissance et d'innovation.

Pourtant, comme le rappelait Daniel Isenberg, professeur à Harvard, en juin 2010, dans son article "How to start an entrepreneurial revolution", la qualité et la performance de l'écosystème entrepreneurial constituent la colonne vertébrale et le déterminant essentiel pour les nations d'une vraie ressource créatrice, durablement, de valeurs, de revenus et d'emplois. Le rôle des entrepreneurs dans la vie économique et sociale se vérifie en France. En quinze ans, les PME ont créé 1.800.000 emplois, dont 950.000 par les 5 % de ces PME qui se développent le plus rapidement. Ces entrepreneurs et ces PME, dont nombre évoluent sur le plan international, participent à une mondialisation équilibrée. Il en est de même si l'on veut comprendre une grande partie de la dynamique de croissance de l'Allemagne, de l'Inde et de la Chine depuis plus de dix ans dont les économies ont été portées par une formidable dynamique entrepreneuriale. C'est dans "l'infiniment petit" d'un capitalisme d'entrepreneurs, que nous pourrons résoudre les challenges "infiniment grands" auxquels nous sommes confrontés.

Mais, pour que les entrepreneurs puissent embaucher, innover, investir, faire croître leurs activités dans des conditions optimales, il est indispensable de construire un écosystème entrepreneurial global, avec des politiques nationales et internationales adaptées. Avec la crise financière, économique et sociale, cette question ne peut plus être un objet théorique de réflexion de la part des dirigeants de la planète, c'est une urgence nécessitant une volonté politique, une compréhension, un plan, et des mesures applicables dès que possible, notamment pour permettre aux entrepreneurs d'accéder à l'innovation et à l'investissement. Nous ne rembourserons pas nos dettes, si, au-delà de la réduction des déficits des États et de la mise en place d'une gouvernance mondiale adaptée, nous ne donnons pas aux entrepreneurs les moyens d'imaginer de nouvelles formes de croissance, de création de valeur, et d'emplois. Répondre à cet enjeu est l'objet de cette 3e édition du G20 des entrepreneurs, le G20 YES qui se tiendra du 31 octobre au 2 novembre prochain à Nice juste avant le G20 des chefs d'État.

Ce sommet du G20 des entrepreneurs réunira 400 entrepreneurs emblématiques des 20 premières économies du monde. Ils remettront aux chefs d'État du G20 une série de propositions bâties à l'échelle internationale avec l'aide d'Ernst & Young et de McKinsey. Elles visent l'essor et la pérennité d'un écosystème entrepreneurial dans les pays développés et émergents, dont nous pensons qu'il est le facteur premier de notre dynamisme, de notre compétitivité et de notre prospérité. Le G20 des entrepreneurs se veut aussi réaliste que pratique, aussi efficace et innovant qu'indépendant. En ce sens, il est le reflet des entrepreneurs qui le composent. Générer de nouvelles richesses, créer de nouveaux emplois, porter une nouvelle croissance sont autant d'effets directs des entrepreneurs sur nos sociétés. L'ambition du G20 des entrepreneurs est que l'on ne parle pas plus tard des "trente périlleuses" au sujet des premières décennies du XXIe siècle, mais des "trente fructueuses".

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 07/10/2011 à 23:24
Signaler
Peut-on espérer qu'un jour dans notre pays on accepte de reconnaître que ce sont les entreprises qui, lorsqu'on le leur permet, peuvent créer des produits et des services attendus par tous et dont la commercialisation leur assure des revenus permetta...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.