Nous serons tous des indignés

Par Jacques Rosselin, directeur de la rédaction de La Tribune.
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Il y a un mois débutait "l'occupation de Wall Street" par une centaine de manifestants se réclamant du "mouvement des 99%", référence à la quasi-totalité de la population victime économique des errements des 1% restants, entendez les gouvernants, banquiers et autres rentiers qui ont plongé le monde dans une grave crise financière et désormais économique. Samedi dernier, ils étaient des milliers à défiler dans le monde entier à l'occasion d'une journée des "indignés". Contre quoi ? C'est ici que les choses se compliquent. Même Stéphane Hessel, indigné fondateur, n'y comprend plus grand-chose et s'est récemment indigné contre... les indignés de Barcelone, dont il a condamné la violence.

La confusion va croissant ces derniers jours avec l'apparition de soutiens pour le moins inattendus au mouvement, à commencer par celui de la bête noire des indignés en personne, Jean-Claude Trichet lui-même. Même s'il a concédé qu'il ne fallait pas "démolir les banques", il affirme adhérer à une partie de leur message qu'il interprète comme un appel à plus de régulation financière. Son successeur, Mario Draghi, alias Super Mario, n'est pas en reste : "les jeunes ont raison d'être indignés. Nous, les adultes, sommes en colère à cause de cette crise. Alors, pensez aux jeunes de 20 ou 30 ans..."

D'autres subversifs ont, depuis, rejoint les rangs de ce qui pourrait devenir un dangereux groupuscule : José Manuel Barroso, Herman Van Rompuy, Angela Merkel, Bernanke, George Soros (que l'on soupçonne même d'être le financier du mouvement), Vladimir Poutine... tous se déclarent désormais indignés patentés. Ils feront, n'en doutons pas, l'unité avec la fraction des "indignés riches", ceux-là mêmes qui s'indignaient cet été de ne pas être assez taxés. Cynisme ou effrayant aveu d'impuissance, ce ralliement des 1% aux 99% forme, face à cette crise majeure du système financier, une pathétique unanimité autour du degré zéro de la pensée politique : l'indignation.

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Commentaires 2
à écrit le 23/10/2011 à 14:41
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Et voici le degré zéro de l'éditorial.

à écrit le 21/10/2011 à 13:28
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La politique est pathétique... le peuple aussi, celui qui joue au loto et qui veut, au fond, capitaliser lui aussi.. peur, quand tu nous tiens!

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