"Seule la BCE peut créer de la liquidité"

Pour le directeur du Center for European Policy Studies, la zone euro doit régler un problème de liquidité et non de solvabilité des Etats.
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Quelle est la priorité pour la zone euro?

Nous ne connaissons pas un problème de soutenabilité de la dette mais un problème de liquidité des Etats. Seule une institution peut créer de la liquidité : la Banque centrale européenne (BCE). La BCE ne peut et ne doit pas financer les Etats. Mais si un organisme européen a besoin de liquidité, elle doit être là. La décision de savoir quel Etat a besoin de liquidité ou a un problème de solvabilité est une décision politique qui doit être prise par les ministres des Finances qui siègent au conseil du Fonds européen de stabilité financière (FESF).

Comment arrive-t-on à un tel résultat ?

Il faut que le FESF soit traité par la BCE comme une banque, techniquement comme une contrepartie éligible, à l'instar de la Banque européenne d'investissement (BEI).

Pourquoi les Allemands y sont-ils opposés ?

Il semble d'abord que la Bundesbank veuille garder le contrôle via la BCE. C'est une position paradoxale car elle est minoritaire au sein de la BCE. Par ailleurs, l'expérience montre que lorsqu'une banque centrale finance les déficits, il peut y avoir de l'inflation voire de l'hyperinflation, comme l'a connue l'Allemagne en 1923.

L'idée que la Banque centrale ne finance pas le déficit est inscrite dans la constitution allemande et dans le traité de Maastricht...

Il existe déjà un règlement du Conseil disant que ni le financement du Fonds monétaire international (FMI), ni les aides à la balance des paiements pour les pays n'appartenant pas à la zone euro, ne sont considérés comme des financements du secteur public. Il suffirait d'ajouter que la même chose vaut pour le FESF.

Mais c'est inacceptable pour l'Allemagne...

On peut prendre un chemin détourné, dire par exemple que le Fonds peut se refinancer sur les marchés. Il achèterait des obligations italiennes, les placeraient en repo auprès d'une banque commerciale, qui immédiatement se refinancerait auprès de la Banque centrale.

La recapitalisation du secteur bancaire fait-elle partie de la solution ?

Oui mais elle est insuffisante. La BCE devrait faire du «credit easing», par exemple en accordant des financements à plus long terme aux banques. En Italie et en Espagne, certaines banques n'ont plus accès au marché interbancaire et n'ont plus non plus suffisamment de collatéraux pour se financer auprès de la banque centrale. C'est un problème pour financer les prêts aux ménages et aux PME. Cela dit, il est toujours bon de recapitaliser les banques. Les actionnaires actuels vont y perdre, c'est normal qu'ils soient mécontents. Mais il n'y a pas de coût social élevé. Si vraiment il n'y a pas d'autre défaut public que celui de la Grèce, ce sera même une bonne affaire.

Est-ce qu'il faut recapitaliser via un véhicule européen ?

Clairement. Déjà en 2008, on aurait dû procéder ainsi. Tout le monde a intérêt à avoir un secteur bancaire stable. L'Etat allemand participera aux gains potentiels, à hauteur de sa participation dans le FESF, même si ce n'est jamais sans risque.

Est-ce une bonne idée de passer de l'unanimité à la majorité au sein du FESF ?

Ce sont des décisions fiscales importantes. On ne peut pas dire à l'Estonie : vous êtes petits, donc payez ! Il faut maintenir la possibilité de ne pas participer, comme le fait la Finlande.


 

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Commentaires 2
à écrit le 20/10/2011 à 23:24
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on commence a s'approcher de l?honnêteté économique, car il est aberrant de parler de faillite comme veule bien le dire certains traders; les spéculateurs crient a la faillite de pays européens alors que ces pays n'ont jamais été aussi riches de tout...

à écrit le 20/10/2011 à 20:47
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quant l'à peut près historique permet de justifier la théologie libérale... l'hyper inflation allemande des années 20 était surtout dû aux réparations et à la volonté du gouvernement allemand de l'époque de préserver les industriels. Les réparations...

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