N'ayons pas peur de la voiture électrique

Par Marc Teyssier d'Orfeuil  |   |  799  mots
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Les controverses sur la sécurité des voitures électriques et de leurs batteries n'ont pas lieu d'être. L'industrie française affiche son avance dans ce domaine, et la filière doit être confortée par les pouvoirs publics, aussi bien nationaux que locaux, qui doivent accompagner son développement.

Après le succès du Salon de l'automobile de Francfort, qui a été marqué par l'engouement des constructeurs automobiles et des nombreux visiteurs pour les voitures écologiques, l'on ne parle plus que de véhicules électriques et de mobilité durable. Entre la Bluecar de Bolloré (Autolib') qui a récemment parcouru les routes de la capitale, les différents modèles électriques que commercialisera Renault dans les mois à venir et le véhicule à hydrogène présenté la semaine dernière par Air Liquide, il semble bien que ce qui apparaissait il y a quelques mois encore comme une utopie est en passe de devenir une réalité.

Les controverses de cet été sur les risques supposés liés aux véhicules électriques, d'autant plus regrettables qu'elles ont pris pour cible les constructeurs français, ont alimenté un climat de suspicion à l'égard de la sécurité des batteries qui n'a pas lieu d'être. À l'occasion des Rencontres internationales des voitures écologiques (Rive), en juillet, et en écho aux attaques répétées dont faisait alors l'objet la filière, certains parlementaires, ainsi que plusieurs associations, ont donc souhaité rappeler que les véhicules électriques offrent le même niveau de sécurité que les voitures thermiques, et que la polémique risquait de mettre en danger des années de recherche et développement, alors que nous vivons aujourd'hui une période charnière. Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Écologie, a rappelé à l'occasion des Rive l'importance de cette filière pour la France et le rôle nécessaire d'intermédiation que remplit le Club des voitures écologiques pour la filière.

Il est ici utile de souligner que tous les risques relatifs aux batteries sont pris en compte par les constructeurs : systèmes de refroidissement et de régulation de la température des batteries, systèmes d'évacuation des gaz en cas de fuite, protection et isolation des batteries pour parer à tout choc ou collision... Si le risque zéro n'existe pas, il est totalement faux d'affirmer que les véhicules électriques ne répondent pas à des exigences de sécurité optimale. De telles affirmations ne font qu'attiser les peurs dans un pays où le principe de précaution devient parfois un prétexte pour ne plus rien faire. Souvent mal compris, ce principe ne doit s'appliquer que pour les risques sur lesquels des incertitudes demeurent, ce qui n'est pas le cas pour les voitures écologiques.

Preuve de la réalité de plus en plus concrète des voitures écologiques, le ministre de l'Industrie, Éric Besson, a réuni l'ensemble des industriels dans le cadre d'une table ronde sur les véhicules électriques et hybrides. Le sénateur Louis Nègre et le député Alfred Trassy-Paillogues, coprésident des Rive étaient présents lors de cette rencontre. Tous ont signé une charte, soulignant leur volonté de respecter dix engagements pour répondre aux préoccupations des utilisateurs actuels - et futurs. Parmi ces engagements figurent la sécurité, bien sûr, ainsi que la promotion du véhicule électrique et hybride auprès des particuliers et des collectivités locales, qui doivent elles aussi prendre part à ce mouvement en mettant en oeuvre des politiques ambitieuses en faveur des voitures électriques, comme par exemple la construction d'infrastructures de recharge efficientes. Le Club continue de porter, quant à lui, l'emblématique disque vert qui permet d'octroyer une heure trente de stationnement gratuit pour les véhicules écologiques. C'est donc aussi bien au niveau national qu'au niveau local que se joue et se jouera l'avenir de la filière.

Ainsi, notre pays s'est positionné comme un acteur majeur du secteur dans un environnement mondial extrêmement compétitif. Dans une période où l'industrie française est trop souvent remise en cause, il est enthousiasmant de constater que nos industriels ont un rôle leader dans la fabrication et le développement des véhicules écologiques. De plus, l'immense intérêt exprimé par les nombreux acteurs économiques étrangers qui choisissent d'investir sur l'électromobilité en France vient redonner espoir à tous les observateurs qui déplorent le manque d'attractivité de notre territoire. Dans ce contexte, il est nécessaire que le gouvernement garde le cap pour accompagner nos industriels et créer les conditions nécessaires à ce marché.

La France a tous les atouts pour se doter d'une politique énergétique diversifiée et ainsi réduire sa dépendance au pétrole. La voiture écologique constitue une opportunité économique et énergétique sans précédent pour notre pays. Cessons d'agiter les peurs. Au contraire, il faut maintenant inviter l'ensemble de nos concitoyens à venir essayer ces véhicules et à les adopter. Il en va de notre compétitivité industrielle et de l'avenir de notre mobilité.