Une Europe allemande, sinon rien ?

Par pmabille@latribune.fr  |   |  362  mots
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Par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune

Ce qui s'est passé ce week-end à Bruxelles est simple à résumer : Angela Merkel l'a emporté sur toute la ligne, imposant à l'Europe une vision allemande du sauvetage de la zone euro. La Grèce : il y aura bien un défaut partiel d'au moins 50 %, malgré l'opposition de la France qui avait fait de ce sujet sa ligne Maginot. L'Italie : Silvio Berlusconi a été "convoqué" pour un examen de passage et tancé tel un cancre sur le manque de crédibilité de son plan d'ajustement budgétaire. Les banques : elles devront être recapitalisées, là encore, une demande de l'Allemagne. Nicolas Sarkozy a perdu : il voulait un plan d'action suffisant pour calmer les marchés et stopper tout risque de contagion à l'Italie et à l'Espagne, afin de se présenter au G20 de Cannes comme l'homme qui a sauvé l'Europe. Il s'est heurté à l'intransigeance de la chancelière allemande qui a refusé de céder à la demande française de donner au Fonds européen de stabilité financière un droit de tirage sur la Banque centrale européenne. Une solution contraire à l'orthodoxie mais probablement la seule qui aurait mis fin rapidement et définitivement à la crise de liquidité qui étouffe la croissance des pays européens surendettés.

La suite est facile à deviner. Dans la nuit de mercredi à jeudi prochain, après le rendez-vous d'Angela Merkel au Bundestag, seront annoncés un plan de sauvetage de la Grèce et un renforcement limité des moyens du FESF, qui pourra garantir les émissions de dettes des pays les plus fragiles. Le plus intéressant sera la contrepartie exigée par l'Allemagne pour ce soutien : une mise sous tutelle des budgets des pays aidés, au travers d'une réforme de la gouvernance de la zone euro renforçant considérablement les pouvoirs de Bruxelles en matière économique et financière. Pris à la gorge, les pays surendettés n'auront d'autre choix que d'accepter la révision du Traité européen concoctée par le nouveau président de l'Eurogroupe, Herman Van Rompuy. À condition que leur population accepte ce diktat, ce qui reste à démontrer et promet donc encore du sport sur les marchés financiers.