Sauvé par la crise

Par Eric Walther, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.
Copyright Reuters

En quittant le sommet de Bruxelles qui venait de "sauver le monde", si l'on en croit le compte rendu communiqué par Nicolas Sarkozy le soir même à la télévision, Jean-Claude Trichet portait sur son visage les traits tirés des mauvaises nuits mais aussi et toujours cet air mutin qui caractérise les vrais faux austères. On l'aurait affiché à moins. Le futur ex-président de la Banque centrale européenne savait qu'il allait rejoindre sa retraite bretonne auréolé d'une image aussi flatteuse qu'inespérée. Car Jean-Claude Trichet venait de contribuer à sauver le monde d'une crise qui l'a en quelque sorte sauvé lui-même. L'époque veut que l'histoire ait la mémoire courte. On a un peu vite oublié qu'il y a moins de quatre ans, beaucoup auraient bien renvoyé à son Saint-Malo l'ancien directeur du Trésor couvert de plumes et de goudron. L'homme de l'euro fort, de la désinflation compétitive, avait une cote effroyable à gauche comme à droite, en tout cas de ce côté-ci du Rhin.

Mais voilà. Les "subprimes", Lehman et la crise de la dette ont tout emporté. Balayée, l'orthodoxie du patron de la BCE qui a dû se résoudre à sortir du droit chemin en ouvrant le robinet à liquidités, en baissant les taux, allant ensuite jusqu'à racheter des obligations publiques pour éteindre l'incendie grec, flirtant ainsi avec l'infraction aux statuts de son établissement. Mais balayée aussi la possibilité d'établir son vrai bilan. Celui d'une politique qui, en gendarme intraitable de l'inflation, a fatigué une croissance européenne déjà paresseuse et, de ce fait, jugent les plus malicieux, ne serait pas complètement étrangère à l'explosion des dettes souveraines. Nous aimerions entendre aujourd'hui l'avis d'un Jean-Claude Trichet revivifié par l'air marin sur cette question plus que jamais cardinale de la croissance au moment où la rigueur rôde partout en Europe.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 01/11/2011 à 9:51
Signaler
Monsieur Walther pourrait-il nous expliquer pourquoi la grande Bretagne, qui n'a pas "subi" la politique monétaire de M. Trichet, ne fait pas mieux que nous ? Et les Etats-Unis, qui ont un endettement public de plus de 100% et un taux de chômage de p...

à écrit le 01/11/2011 à 9:20
Signaler
Monsieur Walther pourrait-il nous expliquer pourquoi la Grande-Bretagne, qui n'a pas subi la politique anti-inflationniste de Monsieur Trichet, est dans une situation aussi mauvaise que nous ? Et que dire des Etats-Unis, dont la dette vient de dépass...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.