Référendum grec : la crainte, le danger et l'espoir

Par Romain Blachier, adjoint à la mairie de Lyon.
Copyright Reuters

Sur Twitter cela discute beaucoup du référendum grec. Certains y voient le retour du clivage entre oui ou non au Traité sur la constitution européenne de 2005, d'autres lui attribuent entièrement la chute de la Bourse aujourd'hui, qui avait pourtant débuté hier, bien avant l'annonce du Premier ministre grec Papandréou. Alors qu'on parlait de réussite franco-allemande sur cet accord, on me signale également que Sarkozy s'est dit "consterné" par cette décision , symbole d'un nouvel échec dans l'action du président.

On aurait tort au premier regard de s'en réjouir : l'avenir est incertain et Papandréou, dans une décision nationale après avoir fait appel à l'Europe, a ici manqué de loyauté. Mais pas de sens politique.

L'idée d'un référendum n'est pas absurde

En premier lieu sur le plan démocratique, Papandréou et les socialistes grecs se sont fait élire sur un programme qui promettait plus de solidarité et moins d'inégalités devant l'éducation, l'accès à l'activité économique et la santé. Il se retrouve, à cause d'une énorme dette maquillée par ses prédécesseurs de droite, à devoir faire l'inverse. Certes Nouvelle Démocratie, le parti conservateur grec, n'est pas le seul responsable, l'ex-Premier ministre de gauche Simitis ayant aussi pris part, à moindre échelle, à ce maquillage. Et puis surtout, gauche et droite confondues, c'est avant tout la mentalité locale vis-à-vis des impôts, des institutions et des responsabilités collectives ainsi qu'un goût prononcé pour les budgets militaires démesurés qui est à blâmer.

Du coup, faire un référendum sur ce changement de cap nécessaire serait logique.

Mais on pourrait aussi craindre que les électeurs grecs fassent dans l'anti-gouvernemental primaire devant la crise, et ne répondent pas à la question réellement posée. Mais ce serait oublier que les dernières municipales ont été remportées par le parti au pouvoir pendant les mesures d'austérité... Quoiqu'il en soit, ce référendum survient surement trop tard pour être rationnel, tant la situation politique et sociale grecque s'est dégradée.

Autre raison plaidant pour un référendum, c'est la possibilité pour Papandréou de se doter d'armes politiques. Sur le plan intérieur, cela pourrait permettre d'amener la droite locale à l'union nationale pour faire face à la crise, elle qui l'a toujours refusée, amenant d'ailleurs à une scission chez les conservateurs les moins sectaires. Devant les Grecs aussi, ce référendum permet de se poser à la fois en gestionnaire courageux d'une crise de la dette dont il a hérité et qui donne enfin la parole à son peuple, même tardivement. Sur le plan international ensuite, la perspective d'un référendum très incertain pourrait amener les banques et les Etats à plus de souplesse encore en échange d'un retrait. En utilisant les même armes que les financiers, en quelque sorte. L'hypothèse est crédible : on ne voit donc pas comment la Grèce va pouvoir vivre d'ici le référendum, s'il a lieu. Surtout que le budget de l'armée grecque reste pesant...

A moins que Papandréou, las de devoir gérer une situation explosive, trouve ici un moyen de tirer sa révérence ?

Un danger pour l'Europe

L'hypothèse d'un tel référendum quel que soit son issue n'est en tout cas pas une bonne nouvelle pour l'Europe actuelle. D'abord parce que un tel scrutin suspend de fait les aides prévues par le plan, mettant la zone euro dans des sables incertains. C'est en effet  tout le plan décidé à Bruxelles qui s'effondre : comment imaginer que les banques internationales vont accepter d'effacer 50% de leurs créances si les Grecs décident de faire défaut ? Comment imaginer que le parlement allemand va voter l'octroi d'aide supplémentaire à ce pays dans ces circonstances ?

L'espoir d'un renouveau européen

Néanmoins de cette situation difficile pourrait paradoxalement naitre un espoir européen : en montrant le danger que des politiques nationales irresponsables peuvent faire peser sur l'Union européenne, elle peut amener les Européens à réfléchir à plus de rationalité et d'intelligence dans l'émission de la monnaie et des prêts. Elle peut aussi nous pousser à faire enfin le choix d'une Europe fédérale et démocratique, dans lequel les dirigeants seraient élus au niveau européen par des Européens pour prendre des décisions européennes. Avec un vrai pouvoir politique européen et non de simples décisions interétatiques laissant la seule part belle au financier.

Article initialement publié sur le blog de Laurent Blachier

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 20
à écrit le 05/11/2011 à 7:40
Signaler
La mère Kel et le père Sarko sont en pélerinage à Nice pour la venue du pape Andréou. Sont présents également le père Ho-bama et bien sur le roi du bounga bounga Ber lusconi. Tous ces compères et joyeux drilles ont fait une teuf à tout casser aux fra...

à écrit le 04/11/2011 à 8:18
Signaler
loin de moi de critiquer cet excellent article mais qui reprend les grandes reflexion du politiquement correct, mais nous avons en face de nous (et je mettrai aussi l'italie dans le meme sac) de vrais politicard, ce sont quatre famille qui gouvernent...

à écrit le 03/11/2011 à 19:58
Signaler
Bon ! On va faire sortir la Grèce de l'?uro. Ils n'auront qu'à refaire des drachmes, ça leur coutera cher. Comment les faire sortir ? Il faudra simplement récupérer tous les ?uros grecs en circulation en Grèce et partout en Europe et même dans le m...

à écrit le 03/11/2011 à 17:46
Signaler
c'est Romain Blachier, pas laurent blachier comme vous l'écrivez en fin de billet

à écrit le 03/11/2011 à 10:47
Signaler
le souci ... si la grece sort , d'autres, italie, espagne , portugal, irlande, vont se dire : pourquoi on sortirait pas non plus ... si la grece est en faillite et ne doit plus rien pourquoi les autres ne feront pas parei l... sachant qu'il est facil...

à écrit le 03/11/2011 à 10:25
Signaler
La Grèce n'est pas un pays déshérité loin de là. Avec un retour au drachme ça ferait peut-être replonger le pays vingt ans en arrière mais ça permettrait au peuple grec de retrouver un niveau de vie et une cohésion qui seraient vraiment les leurs et ...

à écrit le 03/11/2011 à 9:46
Signaler
Référendum en Grèce au nom de la démocratie ? OK mais alors, référendum aussi en France et en Allemagne.

à écrit le 03/11/2011 à 9:13
Signaler
L'Europe ne peut pas fonctionner. Pour qu'une communauté existe il est nécessaire de pouvoir communiquer, de pouvoir penser et de ressentir un attachement a son Etat mais surtout d'avoir un gouvernement unique. Nous ne parlons pas la même langue nos ...

le 03/11/2011 à 11:03
Signaler
"L'Europe ne peut pas fonctionner". Voila du défaitisme. """Nous ne parlons pas la même langue nos mentalité sont très différentes et aucune des populations de chaque état ne se sent solidaire.27 Présidents, 27 manières de voire et de faire les cho...

à écrit le 03/11/2011 à 8:57
Signaler
hors zone Euro, mais aussi hors UE Si l'on essaie de réfléchir: la Grèce dit 'non' à son référendum, et se fait donc sortir de la zone Euro. Son futur: elle retourne sur sa devise dévaluée, et comme son déficit commercial est chronique - comme la F...

à écrit le 03/11/2011 à 8:33
Signaler
De l'espoir oui ça fatigue cette crise et en plus il y a 2012 voir ici http://bit.ly/tnKN3G

à écrit le 03/11/2011 à 8:03
Signaler
il faudrait un référendum pour tous les pays européens, le peuple à le droit à la parole l'enjeu, est, surtout le leur. C'est bien évident, que c'est toujours le peuple qui règle d'addition des grands décideurs, sans aucun regard sur les plus pauvres...

à écrit le 03/11/2011 à 5:25
Signaler
Comment voulez vous que les Grecs se prononcent si des détails (très importants) de l'accord n'ont pas encore étés définis? Il n'est pas encore clair à quel taux les obligations détenues par des particuliers devront être remboursées par la Grèce. En ...

à écrit le 03/11/2011 à 0:24
Signaler
NON! le seul véritable espoir est de sortir de cet euro qui nous a été imposé et qui ne nous a apporté que des problèmes. Souvenez vous, l'euro devait nous apporter plus de croissance, plus d'emploi... Resultat chomage a plus de 10% depuis la politiq...

à écrit le 02/11/2011 à 23:59
Signaler
N'importe quoi ... Aprés le "il aurait fallu plus de communisme por sauver le communisme" alors maintenant le plus d'europe pour sauver l'europe ? Vraiment n'importe quoi. Le peuple va bientot se rappeler aux bons souvenirs des ces messieurs les bien...

à écrit le 02/11/2011 à 23:28
Signaler
Referendum europeen sur la dette grecque: http://www.facebook.com/event.php?eid=268338109877491 Groupe sur la dette grecque: http://www.facebook.com/groups/292968127394562

à écrit le 02/11/2011 à 19:04
Signaler
"L'hypothèse d'un tel référendum quel que soit son issue n'est en tout cas pas une bonne nouvelle pour l'Europe actuelle." Excellente chose car les peuples jamais interrogés (cela s'appelle "démocratie actuelle" ou encore oligarchie) seront ravis ...

le 03/11/2011 à 5:59
Signaler
Moi, je pense que tout ça, c'est surement un coup de l'extreme droite.

le 03/11/2011 à 6:05
Signaler
Vous oubliez que la crise vient des Etats-unis et que seuls nous aurions été encore plus touchés.Essayer donc aujourd'hui de payer votre pétrole avec des francs(dévalués plus que l'euro qui nous protègent)Je suis surpris qu'en période de crise se tr...

le 03/11/2011 à 6:49
Signaler
Oui, bien justement, sans l'Euro, nous aurions eu la possibilité d'adapter notre politique monétaire pour traverser la crise en provenance d'outre-atlantique. En l'espèce, avec l'Euro, ceci n'était pas possible et s'est fait à l'avantage des uns (All...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.