Libérez la croissance

Par Marc Fiorentino  |   |  587  mots
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Par Marc Fiorentino, de Monfinancier.com.

L'Europe et la France sont confrontées à un triple problème : dette, déficit, croissance.

Le sommet européen qui s'est étalé sur plusieurs jours est un événement historique. N'ayons pas peur des mots. Pour la première fois depuis le début de la crise de la dette, les leaders européens sont parvenus à un véritable accord, pas la pantalonnade habituelle des sommets précédents avec des décisions déjà caduques le lundi suivant leur annonce.

Les marchés devraient applaudir. Ils réclamaient depuis des mois une gouvernance économique européenne. Ils l'ont. L'Allemagne, à travers la main de fer d'Angela Merkel, a pris le leadership de l'Europe. Débarrassée de toute contrainte électorale jusqu'en septembre 2013, Angela Merkel a les mains libres. Et elle ne veut aucun compromis. Ce sera un plan de sauvetage allemand ou rien. Et toute l'Europe s'est inclinée. La dette grecque à 50%, la recapitalisation des banques, un Fonds de stabilité raisonnablement augmenté, c'était son plan. Mais elle a ajouté des nouvelles exigences : une réforme des retraites en Italie, le départ de fait de Berlusconi au printemps 2012 et... l'obligation pour la France de venir avec un plan crédible de réduction du déficit budgétaire. Et elle a tout obtenu.

Nous voilà donc engagés dans la voie, longue et douloureuse certes, de la résolution partielle des deux premiers problèmes européens : la dette et la recherche d'un équilibre budgétaire.

Ne nous faisons aucune illusion. Il faudra dans quelques mois renégocier la dette d'autres pays que la Grèce. Car même avec les programmes d'austérité imposés par l'Allemagne, l'endettement augmentera. Pourquoi ? Parce que la croissance ne sera pas au rendez-vous. L'Europe s'enfonce dans une croissance molle frisant la récession, juste au-dessus ou en dessous du niveau de la mer. Et à zéro, même avec des programmes courageux d'austérité, le déficit ne peut pas reculer.

La composante majeure aujourd'hui de la problématique européenne, c'est la croissance. La croissance ne se décrète pas. On a aussi enfin compris qu'elle ne se crée pas durablement avec des packages "ringards" de relance de la consommation. À force d'accumuler les primes à la casse, on casse tout espoir de reprise pérenne de la croissance.

Le vrai débat des mois à venir en France, en cette période électorale, c'est la création de croissance. Mais peut-on créer de la croissance dans un pays qui bride toutes les énergies ? Dans un pays où on stigmatise les entrepreneurs, en les assimilant à des "patrons", dans un pays où à 30 ans on pense déjà à sa retraite, dans un pays où les TPE et les PME, seuls vecteurs de croissance pour l'avenir, sont abandonnées par les banques et harcelées par l'administration, dans un pays où on culpabilise les jeunes qui rêvent de gagner un jour plus de 4.000 euros par mois, seuil de la richesse pour certains politiques, dans un pays où les intérêts particuliers et les querelles de pouvoir sont au-dessus de l'intérêt général ?

L'Europe vient de montrer par la voix de l'Allemagne qu'elle peut continuer à avancer et à régler certains problèmes, il va falloir que la France montre qu'elle est capable de trouver un nouveau "business model" de croissance. Pas un modèle de repli comme la décroissance ou la démondialisation, un modèle de conquête.

Messieurs les politiques, libérez la croissance !