Libérez la croissance

Par Marc Fiorentino, de Monfinancier.com.
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L'Europe et la France sont confrontées à un triple problème : dette, déficit, croissance.

Le sommet européen qui s'est étalé sur plusieurs jours est un événement historique. N'ayons pas peur des mots. Pour la première fois depuis le début de la crise de la dette, les leaders européens sont parvenus à un véritable accord, pas la pantalonnade habituelle des sommets précédents avec des décisions déjà caduques le lundi suivant leur annonce.

Les marchés devraient applaudir. Ils réclamaient depuis des mois une gouvernance économique européenne. Ils l'ont. L'Allemagne, à travers la main de fer d'Angela Merkel, a pris le leadership de l'Europe. Débarrassée de toute contrainte électorale jusqu'en septembre 2013, Angela Merkel a les mains libres. Et elle ne veut aucun compromis. Ce sera un plan de sauvetage allemand ou rien. Et toute l'Europe s'est inclinée. La dette grecque à 50%, la recapitalisation des banques, un Fonds de stabilité raisonnablement augmenté, c'était son plan. Mais elle a ajouté des nouvelles exigences : une réforme des retraites en Italie, le départ de fait de Berlusconi au printemps 2012 et... l'obligation pour la France de venir avec un plan crédible de réduction du déficit budgétaire. Et elle a tout obtenu.

Nous voilà donc engagés dans la voie, longue et douloureuse certes, de la résolution partielle des deux premiers problèmes européens : la dette et la recherche d'un équilibre budgétaire.

Ne nous faisons aucune illusion. Il faudra dans quelques mois renégocier la dette d'autres pays que la Grèce. Car même avec les programmes d'austérité imposés par l'Allemagne, l'endettement augmentera. Pourquoi ? Parce que la croissance ne sera pas au rendez-vous. L'Europe s'enfonce dans une croissance molle frisant la récession, juste au-dessus ou en dessous du niveau de la mer. Et à zéro, même avec des programmes courageux d'austérité, le déficit ne peut pas reculer.

La composante majeure aujourd'hui de la problématique européenne, c'est la croissance. La croissance ne se décrète pas. On a aussi enfin compris qu'elle ne se crée pas durablement avec des packages "ringards" de relance de la consommation. À force d'accumuler les primes à la casse, on casse tout espoir de reprise pérenne de la croissance.

Le vrai débat des mois à venir en France, en cette période électorale, c'est la création de croissance. Mais peut-on créer de la croissance dans un pays qui bride toutes les énergies ? Dans un pays où on stigmatise les entrepreneurs, en les assimilant à des "patrons", dans un pays où à 30 ans on pense déjà à sa retraite, dans un pays où les TPE et les PME, seuls vecteurs de croissance pour l'avenir, sont abandonnées par les banques et harcelées par l'administration, dans un pays où on culpabilise les jeunes qui rêvent de gagner un jour plus de 4.000 euros par mois, seuil de la richesse pour certains politiques, dans un pays où les intérêts particuliers et les querelles de pouvoir sont au-dessus de l'intérêt général ?

L'Europe vient de montrer par la voix de l'Allemagne qu'elle peut continuer à avancer et à régler certains problèmes, il va falloir que la France montre qu'elle est capable de trouver un nouveau "business model" de croissance. Pas un modèle de repli comme la décroissance ou la démondialisation, un modèle de conquête.

Messieurs les politiques, libérez la croissance !

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Commentaires 8
à écrit le 04/01/2012 à 19:32
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Monsieur Fiorentino, que penser d'un économiste probablement distingué puisque C'dans l'air l'invite toujours, qui dit que l'inflation est " une vue de l'esprit " c'est psychologique !!! quel toupet ! il n'a pas d'argument comme Elie Coen qui se fai...

à écrit le 03/01/2012 à 18:40
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Pourquoi Monsieur Fiorentino vous ne nous parlez pas de Marine Le Pen ? vous ne connaissez pas ce qu'elle préconise avec les économistes pour la sortie de l'euro qui se fera un jour ou l'autre. Il faut remarquer que l'euro est responsable de la hauss...

à écrit le 27/12/2011 à 19:31
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Cela va aller de Charibe en Scylla, chute en début d'année de l'immobilier, certains commencent à baisser de 20 à 30 % les prix de vente (cela pourrait remettre un peu d'ordre chez certains groupes qui en plus font de la qualité en dessous des sociau...

à écrit le 24/12/2011 à 16:30
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Je suis d'accord à 100 % avec vos commentaires, mais que faire, payer, bosser pour rien, avoir un loyer à des prix fou, les produits alimentaire de base qui ne çessent de grimper, le chômage, et quelque soit le président qui seras élu, je ne pense pa...

le 03/01/2012 à 18:53
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pathinder, ne soyez pas triste. Dans C'dans l'air on parle ce soir de l'augmentation du chômage qui est à hauteur de 10%, que les banques ne prêtent pas plus aux PME & PMI mais parfois quand même à 6% alors que la BCE leur prête à 0%. Sarkosy est où ...

à écrit le 04/11/2011 à 23:04
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A 30 ans, monsieur, en France on ne songe pas à sa retraite, on songe à obtenir ou garder son travail. Question clichés et coupure du monde réel, vous vous posez en pro.

le 10/11/2011 à 10:41
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Je suis aujourd hui étudiant et je peux vs certifier que ce n est pas à 30 ans que les francais pensent à la retraite, ils y pensent avant même d'avoir commancé à travailler.

à écrit le 04/11/2011 à 15:11
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Bravo, Monsieur Fiorentino, pour votre courageuse analyse. Puisse-t-elle inspirer nos politiques

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