G 20 : l'occasion d'une refondation fondée sur l'or

Au moment où la communauté mondiale se réunie sous présidence française pour arrêter des positions communes, c'est l'occasion ou jamais de s'atteler à une véritable refondation du système monétaire international, et de revisiter l'étalon de change or, le Gold Exchange Standard, en dissipant certains préjugés.
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A la veille du G 20, si la France parlait d'or... Au cours des derniers mois, la spéculation s'est nourrie, comme d'habitude, d'effets d'annonce et de demi-mesures. Au moment où la communauté mondiale - ou du moins les puissances les plus influentes - se réunissent sous présidence française pour arrêter des positions communes, c'est l'occasion ou jamais de s'atteler à une véritable refondation du système monétaire international. Sans cela, les mesures de consolidation au niveau des zones monétaires, pour nécessaires qu'elles soient, ne feront qu'engendrer plus de désordre dans un système déjà menacé par l'entropie.

Ce n'est pas en effet en rajoutant des régulations partielles à des régulations dépassées, des taxes dissuasives à des taxes incitatives, qu'un équilibre dynamique sera restauré. C'est en renouant avec les principes fondateurs qui, mis en place à Bretton Woods, ont rendu possibles les Trente Glorieuses et le plein-emploi et dont l'abandon en 1971 a provoqué une succession de crises systémiques s'ajoutant aux cycles normaux de la conjoncture.

Ces principes sont le multilatéralisme, la convertibilité sur des bases prévisibles, la solidarité monétaire mondiale. Seul l'étalon de change or, le Gold Exchange Standard, revisité en fonction du contexte actuel, remplit ces conditions à la fois. A ce propos, il convient de dissiper certains préjugés qui circulent chez les politiques, dans l'opinion et parfois même chez certains experts.

La première objection est que ce système engendrerait la récession et ne permettrait pas de financer la croissance des économies "riches" (pour l'instant encore du moins...), l'émergence des économies à revenu moyen, le développement des plus pauvres. Or, il n'en est rien. Assorti de mécanismes de droits de tirage spéciaux, améliorés à la lumière de l'expérience, et gérés en commun, l'étalon de change or donne au contraire aux investisseurs un cadre lisible. En effet, l'économie mondiale, si elle connaît d'énormes besoins de financement, ne souffre pas véritablement d'une pénurie de liquidités. C'est plutôt l'excès de celles-ci, au moins dans une perspective instantanée, qui les pousse vers les emplois spéculatifs. Les disciplines liées à l'étalon de change or devraient permettre un retour des capitaux vers l'économie réelle.

Deuxième critique, non déterminante : ce système favoriserait les détenteurs de stocks d'or, ou d'importantes réserves de change, les trafics et la surexploitation des réserves de métal précieux au détriment de l'environnement et des conditions de travail à la production. Les risques sont réels mais peuvent être palliés par des mesures appropriées : création d'une Autorité mondiale de l'or, sous l'égide des Nations unies, fonctionnant en relation avec le Fonds monétaire international (FMI) et dont le siège pourrait être installé... en Afrique du Sud.

Troisième thèse critique qu'il convient de réfuter : la mise en oeuvre dès maintenant d'un vrai système monétaire mondial empêcherait de mener des politiques volontaristes de restructuration au niveau des zones monétaires et notamment de la zone euro. Au contraire, en offrant un cadre partenarial et équilibré, il reconnaît la place que l'euro, ce nouveau venu à l'échelle de l'histoire monétaire, peut avoir dans un système mondial vraiment coopératif, ouvert aux pays en développement, alors qu'actuellement il est soumis aux pressions croisées de l'ancienne puissance dominante d'un monde devenu provisoirement unipolaire en 1989 et de la spéculation internationale.

Il n'y a donc aucune raison sérieuse de ne pas s'engager dans cette voie, d'autant plus qu'il ne s'en offre guère d'autres. La seule précaution, mais elle doit être prise dès Cannes, consiste à aboutir à un consensus mondial sur la séparation dans les meilleurs délais, pour restaurer la confiance des déposants, des activités de banque d'affaires et de banque de dépôt.

Évidemment, cela nécessite plusieurs conditions. En premier lieu, reconnaître le rôle de la Chine dans le jeu monétaire mondial. Bien sûr, il faudra à terme que le yuan soit réajusté en hausse pour une concurrence plus loyale, en particulier dans sa dimension sociale mais cela progressivement, pour ne pas casser un des seuls ressorts efficaces de l'économie mondiale, qui nous a évité la catastrophe en 2008. En second lieu, revoir la feuille de route du FMI. Au lieu d'en faire un porteur de conditionnalités odieuses aux peuples et inopérantes vis-à-vis des multinationales, il doit être le gestionnaire d'un système conçu comme un bien commun. Enfin associer les 173 Etats qui ne seront pas directement présents au sommet, même si certains d'entre eux y seront là comme témoins, à cette aventure du nouveau siècle, sans laquelle les déclarations du Millénaire ne seront que vaines promesses et frustrations durables.

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