« Le financement à long terme ne devrait plus relever des banques »

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Quel bilan tirez-vous des réformes du système financier par les différents G20 ?

Le sauvetage des banques a été nécessaire mais il ne fut pas suivi des décisions lourdes qui auraient permis d'isoler les activités relevant du système bancaire et les autres. Au lieu de cela, tous ont clamé à l'unisson la culpabilité du « shadow banking » (banques non régulées) ! Aujourd'hui, les banques sont à nouveau en difficulté. L'erreur vient d'un mauvais diagnostic. Le système bancaire ne doit pas conserver à la fois l'épargne populaire et la possibilité de spéculer sur les marchés. Et la régulation, dans son cadre actuel, n'est plus adaptée. Accroître le besoin de fonds propres ne fait qu'augmenter le sens du confort et inciter les établissements à la prise de risque pour maintenir leur rentabilité.

Quelles seraient, selon vous, les réformes structurelles à engager ?

Revenons-en à des principes simples : la banque a le monopole de la collecte des dépôts et bénéficie naturellement d'une protection. En échange, elle doit se plier à des obligations de prudence. La prise de risque est cependant utile à un système financier mais elle ne relève pas d'une activité bancaire. Il faut donc des acteurs non bancaires qui équilibrent les risques. De même, le financement à long terme ne devrait pas - ou peu - relever de bilans bancaires. Il existe d'autres acteurs mieux placés pour apporter à l'économie des financements longs : les assureurs et les fonds de retraite. Mais pour que les acteurs à long terme puissent avoir accès aux investissements adossant correctement leurs passifs, il faut une forme de « shadow banking ».

La finance continue pourtant à être vue comme une menace pour les économies...

C'est la mauvaise utilisation des techniques de « shadow banking » qui est à l'origine de la crise ; et cette mauvaise utilisation n'a pu prospérer qu'avec la bienveillance des banques et des investisseurs. En pratique, il faut relancer un mode de financement à long terme, hors du système bancaire, où les opérations seraient limitées à refinancer les acteurs économiques, sans excès de sophistication, avec des obligations de transparence et d'information régulière des régulateurs, et avec toutes les contraintes qui permettent au moins d'identifier et, peut-être, d'encadrer le risque. Les banques ne pourront, de toute façon, jouer ce rôle de financement de long terme.

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