Le mur de la récession

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Par François Roche, conseiller éditorial de La Tribune.

Les craintes exprimées hier par le tout nouveau président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, d'une récession "douce" en Europe (un qualificatif surprenant compte tenu des circonstances) matérialise un risque supplémentaire que vont devoir traiter les pays européens. Aujourd'hui, ils sont aux prises avec une crise de la dette souveraine dans un certain nombre de pays membres, à laquelle vient désormais s'ajouter la crise politique. Elle est patente en Grèce et au bord d'éclater en Italie, où Silvio Berlusconi est parvenu, depuis longtemps, au bout de son itinéraire politique. Situation fragile en Espagne, mais aussi en Allemagne où le poste de la chancelière Angela Merkel pourrait bien vaciller lors des prochaines élections. Sans parler de la France, à la veille des deux échéances électorales cruciales du printemps 2012.

Dans tous les cas, les opinions publiques vont se faire entendre. Peine perdue, car une troisième crise pointe son nez, économique celle-ci, avec une récession sans doute moins douce que "Super Mario" ne l'imagine. Vouloir résoudre une partie du problème de la dette souveraine, c'est-à-dire mettre en oeuvre dans les pays concernés des politiques de rigueur sans le soutien de la croissance, est une mission impossible. Sans croissance, le plan grec échouera, l'Italie sera encalminée et la France perdra son triple A. C'est l'enchevêtrement de ces trois crises, financière, politique et économique, qui rend la situation de l'Europe aussi périlleuse.

Sauver Athènes est une obligation. L'accord du 27 octobre, s'il est conclu, doit redonner un minimum de marge de manoeuvre aux Etats européens endettés, grâce à une détente des taux auxquels ils empruntent. Il est vital qu'une telle détente se produise et que cet accord soit paraphé. Ce n'est pas une garantie que l'Europe échappera à la récession, c'est seulement une façon d'éviter que le prix à payer par les peuples ne soit insupportable.