"L'industrie pharmaceutique doit être davantage mise à contribution"

Assumant les mesures du plan de rigueur, notamment celles sur les retraites dont il affirme être à l'origine, le ministre annonce que le gouvernement est prêt à tailler encore dans les dépenses.
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Ne craignez-vous pas que la hausse de la TVA décidée dans de nombreux secteurs aura un impact négatif sur l'emploi et que l'objectif que vous vous étiez fixé d'un chômage sous la barre des 9 % d'ici 2012 ne soit plus tenable ?

Pourquoi la hausse de la TVA de 5,5% à 7 % aurait un impact sur l'emploi ? J'ajoute que les entreprises du BTP ont été plutôt agréablement surprises de voir leur taux passer à 7 %, elles qui craignaient que l'on revienne à 19,6 %. Quant à l'objectif d'un taux de chômage à 9 % d'ici 2012, il sera plus difficile à tenir compte tenu de la crise durable que nous traversons. Mais les moyens mis en oeuvre dans le cadre de la politique de l'emploi nous permettent de poursuivre cet objectif. Le principal enjeu actuellement est d'aider les secteurs qui recrutent à trouver le personnel dont ils ont besoin. Je compte également sur la nouvelle feuille de route qui a été fixée à Pôle emploi pour y parvenir.

Avancer d'un an le passage de la retraite à 62 ans n'est-ce pas porter un coup aux engagements pris par le gouvernement l'année dernière ?

J'ai proposé cette mesure et je l'assume. Car cela ne touche pas le pouvoir d'achat, ne bride pas la croissance, permet de diminuer immédiatement les déficits et fera revenir le régime de retraites plus rapidement à l'équilibre. Même s'il n'est jamais facile de prendre de telles mesures, je considère que cela fait partie des efforts que l'on peut demander. S'il n'y a pas eu de concertation avec les partenaires sociaux, c'est parce que la décision prise relève de la responsabilité politique. Il n'était donc pas question de la faire endosser par les partenaires sociaux, cela n'aurait pas eu de sens. Et j'ai trop de respect pour le dialogue social pour organiser une concertation fictive sur ce sujet. Il n'y a pas d'autre stratégie que celle de réduire les déficits, c'est une question d'intérêt national. Les Français ne veulent pas que la France devienne la Grèce.

Plutôt que la désindexation des prestations familiales, pourquoi n'avoir pas repris l'idée d'une fiscalisation des allocations familiales ou de mise sous condition de ressources ?

Si notre politique familiale fonctionne aujourd'hui, c'est aussi grâce au principe d'universalité. Je ne pense donc pas qu'il faille la remettre en question. Là, le sujet immédiat était de limiter la progression des dépenses. Mais, pour ne pas casser la croissance, nous avons veillé à maintenir l'indexation sur l'inflation des allocations de remplacement, celles qui font vivre un foyer. En revanche, celles qui vont moins augmenter, car désormais indexées sur la croissance, sont les allocations de complément.

Comment comptez-vous réaliser ?les nouvelles économies sur les ?dépenses maladies prévues par le gouvernement ?

Cela fait partie des sujets dont je discute cette semaine avec les parlementaires et les partenaires sociaux. D'ores et déjà, je propose que l'industrie pharmaceutique soit davantage mise à contribution. Je l'ai dit à l'occasion de la réforme du médicament, il y a trop de médicaments en France, on consomme trop de médicaments en France, et ils sont trop chers. Il y a donc des économies à faire de ce côté-là. Je compte notamment sur une baisse des prix des médicaments de marque mais surtout des génériques pour que l'objectif national des dépenses d'assurance maladie progresse de 2,5% et non plus de 2,8% comme prévu initialement. Nous avons 500 millions d'économies à réaliser. Nous y parviendrons. La médecine de ville et les établissements de soins participeront aussi à cet effort supplémentaire. Une chose est sûre : le ticket modérateur n'augmentera pas.

La dégradation de la conjoncture rend caduc le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2012. Quelles seront les nouveautés du projet rectificatif qui sera annoncé d'ici deux semaines ?

Les mesures déjà votées ne seront pas remises en cause. Et chacune d'entre elles est plus nécessaire que jamais pour atteindre nos objectifs d'assainissement de nos finances publiques.

Et si la croissance était encore moins forte que prévue. Avez-vous une marge de manoeuvre pour pouvoir atteindre vos objectifs ?

Nous ne nous laisserons pas prendre de cours. Et notre cap est clair, tenir nos objectifs sans hypothéquer la croissance par des prélèvements qui l'étrangleraient ou des coupes sombres dans les dépenses.

Selon vous, quels vont être les thèmes majeurs de la campagne électorale ?

La justice, d'abord. Qu'il s'agisse de la justice fiscale, de la justice sociale et de la justice régalienne. La compétitivité ensuite, notamment la baisse du coût du travail ; la convergence européenne, enfin. Mais, surtout, il ne s'agira pas d'une élection présidentielle ordinaire. Le monde est en crise, tous les schémas en place depuis 30 ans sont chamboulés. Les Français devront se poser la question de savoir, dans ce contexte, qui les protège le mieux et qui est le plus à même de les sortir de la crise.

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