L'économie, des mots aux actes

Les Journées de l'économie (Jéco), qui visent à diffuser et à faire la pédagogie des questions économiques tout en favorisant les débats, sont placées sous le haut patronage de l'Assemblée nationale et se tiennent pour la quatrième fois à Lyon, du 9 au 11 novembre. L'occasion pour leur directeur général, Pascal Le Merrer, d'analyser, sur la base d'un sondage, la perception des événements financiers par la majorité des Français.
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La quatrième édition des Journées de l'économie (Jéco) s'ouvrira ce 9 novembre sur la présentation des résultats d'un sondage sur la culture financière des Français. De quoi parle-t-on ? De la gestion de leur budget par les ménages, de la relation des Français à leurs banques, des compétences des sondés en matière de gestion de placements financiers, en fait de tout cela. Le problème est que l'on change d'univers. La plupart des personnes interrogées gèrent au mieux leurs contraintes budgétaires et font confiance à leur banquier, c'est l'économie en acte dans notre vie quotidienne, mais dès que l'on aborde la question des placements financiers, c'est le sentiment d'incompétence qui domine, et d'abord avec ce langage pour initiés : private equity, hedge funds, swaps, dérivés, options, produits structurés... Pourtant, derrière cette économie en mots, il y a bien une autre économie en acte, qui aujourd'hui inspire méfiance et contestation, c'est ce "shadow banking" qui pèse plus lourd que la banque traditionnelle, ce sont ces agences de notation qui dégradent la qualité des dettes souveraines, c'est la crise de l'euro et son cortège de plans d'austérité.

Le danger est que, pour la grande majorité des citoyens, il y ait un gouffre infranchissable entre leur économie du quotidien et cette économie de la finance globale qui fait généralement la une de l'actualité à l'occasion d'un scandale (Kerviel, Madoff ou récemment Jon Corzine, le PDG de MF Global).

C'est dans les périodes de crise que la tyrannie du court terme et des opinions extrêmes tendent à fragiliser nos démocraties, on le voit aujourd'hui avec une Union européenne qui tarde à construire une réelle gouvernance capable de gérer les problèmes qui s'aggravent de jour en jour. Il est urgent, pour éviter ces dérives, de favoriser le partage des connaissances des experts en démystifiant ce langage technique qui parfois relève des dialogues des médecins de Molière.

On peut contribuer à la lecture d'une réalité économique de plus en plus complexe et peut-être aider chacun à progresser vers une économie en acte qui repose sur une confiance raisonnée. Cette économie en acte doit montrer qu'on ne peut pas opposer sommairement les territoires et la mondialisation, l'économie réelle et la finance, le marché et l'action publique, l'industrie et les services, les savoir-faire traditionnels et la nouvelle économie de l'immatériel... Il est nécessaire à la fois de montrer comment on innove, par exemple en combinant les compétences des chercheurs, des entrepreneurs et des acteurs publics, comment on peut expérimenter des mesures avant d'engager des réformes comme celle du RSA, comment on peut favoriser les initiatives individuelles tout en améliorant la sécurité des parcours professionnels de chacun... Cette pédagogie passe par un travail de longue haleine pour informer, expliquer, débattre sur les sujets économiques qui doivent éclairer autant l'économie du quotidien que celle des grandes questions de la planète, c'est l'objectif poursuivi par les Jéco.

Un double défi est à relever : d'un côté, réussir à intéresser les citoyens à des sujets considérés comme techniques (le rôle des régulateurs de réseaux, l'impact de Bâle III, le financement de la santé...), de l'autre, décloisonner les regards en confrontant les approches des chercheurs, des experts de l'administration, des acteurs sociaux, des chefs d'entreprise, des politiques, des journalistes.

Il faut prendre très au sérieux cette mission de mise à disposition pour tous des analyses qui orientent les prises de décision aujourd'hui et demain sur les grands sujets économiques. Cela peut se faire dans un cadre convivial, car la pédagogie n'a aucune raison d'être triste. C'est même un objectif raisonnable d'innover chaque année pour mieux échanger avec des publics divers qui ont des attentes multiples. Notre ambition est de mobiliser toutes les énergies afin que chacun puisse trouver les outils intellectuels qui l'aideront à mieux vivre dans une société en pleine mutation.

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