Hollande : le Manuel de sa boîte à outils

Pourquoi et comment Hollande et Valls finiront bien par faire adopter le plan de rigueur par les députés socialistes... A moins d'un coup de pompe !
Philippe Mabille

François Hollande a donc trouvé chaussure à son pied. Enfin, pas à l'Élysée d'où il a viré sans ménagement Aquilino Morelle, son conseiller politique adepte du cirage de pompes, et - modeste contribution au plan d'économies budgétaire - supprimé le poste, au motif manifeste au vu de sa popularité, que celui-ci ne sert pas à grand-chose. Gaspard Gantzer, un jeune énarque un peu fêtard issu de la même promotion que le secrétaire général adjoint Emmanuel Macron (Leopold Sédar Senghor), fera désormais le job de DirCom de l'Elysée. Souhaitons lui bon courage !

Mais, à Matignon où, avec Valls aux manettes, la greffe a pris. Après deux ans d'atermoiements et d'erreurs de communication, le président de la République donne enfin à sa « boîte à outils » le Manuel qui lui faisait jusqu'ici cruellement défaut. Force est de le reconnaître : le nouveau Premier ministre a pris la situation en main. Malgré les contraintes financières et une majorité turbulente, il est en train de trouver une sortie politique à l'impasse dans laquelle se trouvait le gouvernement Ayrault.

Certes, il y a là une certaine injustice, Manuel Valls n'est pas l'auteur du plan d'économie qui va porter son nom. L'essentiel des mesures avait été arbitré avant le remaniement, tout comme le subtil dosage proposé : 18 milliards d'économies pour l'État, 10 pour l'assurance-maladie, 11 pour la protection sociale et 11 pour les collectivités locales. Mais, comme dans la mayonnaise, l'essentiel n'est pas dans les ingrédients, mais dans le tour de main. Et de ce point de vue-là, Manuel Valls mérite sa place en finale du Top Chef de la rigueur.

Acte 1 : j'énonce de façon martiale un plan d'économie de 50 milliards d'euros, avec quelques mesures spectaculaires qui ne vont pas manquer de provoquer un raidissement de la majorité, à savoir le gel de certaines prestations sociales, y compris les retraites.

Acte 2 : ladite majorité propose  de son propre chef une «"alternative"» pendant le long week-end pascal, mais sans remettre en cause le principe des 50 milliards d'économies, désormais gravés dans le marbre.

Acte 3 : Manuel Valls reçoit la majorité, accepte quelques « aménagements » pour les petites retraites et, emballez, c'est pesé, les députés PS, satisfaits de ne plus être traités comme des « godillots » (encore une histoire de pompes !), vont rentrer dans le rang et adopter mardi prochain le nouveau programme de stabilité proposé par la France à Bruxelles.

De là à dire que la gauche s'est fait avoir… Certes, il y aura un peu de cinéma : une réunion "extraordinaire" du bureau national du PS organisée d'urgence par le nouveau Secrétaire général du parti, Jean-Christophe Cambadélis, va faire le ménage pour convaincre les 30 à 40 récalcitrants qu'un rejet équivaudrait à une crise politique et menacerait toute la majorité d'une dissolution. Au vu des derniers sondages sur les Européennes, comme de la claque des Municipales, inutile de préciser que ce n'est pas vraiment le bon moment... De toute façon, et ce n'est pas forcément un cadeau pour François Hollande, certains députés de droite ont d'ores et déjà dit qu'ils étaient prêt à voter le plan. L'ouverture, version Manuel Valls... Le commissaire européen Michel Barnier, sans doute dans l'espoir d'être reconduit, appelle lui carrément l'opposition toute entière à soutenir le plan Valls.

Le PS devrait pourtant créditer le nouveau Premier ministre d'une ultime habileté, peu remarquée, puisque la France s'offre quelques marges de manoeuvre, en ralentissant (un peu) le rythme de la réduction des déficits, qui passeront de 4,3% du PIB en 2013 à 3,8% en 2014, puis 3% tout rond en 2015 : c'est 0,2 point de PIB de plus que prévu initialement, soit environ 4 milliards d'euros par an de grain à moudre pour financer le « pacte de solidarité », c'est-à-dire les mesures destinées à redonner (un peu) de pouvoir d'achat aux bas revenus (via une baisse d'impôt cette année et un allégement des cotisations salariales l'an prochain). Même modeste, cette atténuation de l'austérité à la française est une contribution de l'Europe à la relance de l'activité en France.

Tout cela fleure bon l'habileté politique. Trop peut-être, car quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt.

Au final, Manuel Valls et François Hollande n'ont pas cédé grand-chose : le gel du point d'indice des fonctionnaires est confirmé jusqu'en 2017 (même s'il y aura pour la forme une "clause de revoyure" chaque année) ; le rythme des dépenses de santé va être ralenti fortement, à 2% l'an ; et les collectivités locales seront au pain sec et à l'au avec pour seule perspective d'augmenter les impôts locaux, ou bien d'accepter de vraies réformes de structures.

Pour réussir son pari principal, celui d'inverser la courbe du chômage, sans quoi il a reconnu qu'il ne pourra pas se représenter en 2017 (quelle tautologie !), François Hollande compte sur le succès de sa "boîte à outils". Alors que la croissance redémarrerait (1% en 2014, 1,7% en 2015, puis 2,25% en 2016 et 2017), le Pacte de responsabilité, c'est-à-dire les 30 milliards d'euros du CICE et les allégements supplémentaires de charges, pourrait, selon le gouvernement, créer ensemble un demi-million d'emplois dans le secteur privé d'ici trois ans .

Si cette prédiction se réalise, le quinquennat sera réussi. Sinon, le président, sa boîte à outils et le Manuel qui va avec risquent d'être virés à leur tour. À coup de pompes… ?

Philippe Mabille

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Commentaires 21
à écrit le 28/04/2014 à 13:13
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La France est sous tutelle , autant le reconnaître, aprés tant d'années d'immobilisme et de promesses populistes intenables. Les intermittents du spectacle politique irresponsables ont mis le pays à genou. Les élections européennes vont alourdir l...

à écrit le 25/04/2014 à 13:42
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Oui mais si c' est un manuel aussi clair que celui que l' on nous donne pour monter un élément de cuisine, nous sommes dans la MERDE !!!!!

à écrit le 25/04/2014 à 13:41
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Oui mais si c' est un manuel aussi clair que ceux que l' on a pour monter un élément de cuisine, nous sommes dans la MERDE !!!

à écrit le 25/04/2014 à 10:43
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Et comme d'habitude droite et gauche confondues, c'est les Français que l'on prend pour des c...

à écrit le 25/04/2014 à 10:00
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Qui pourrait croire une seconde que le plan Hollande-Ayrault-Vals ne sera pas voté ? Hormis deux ou trois gauchos suicidaires, les socialistes vont voter la confiance comme un seul homme (ou femme) car la perspective de dissolution de l'assemblée et ...

à écrit le 25/04/2014 à 9:58
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J'en veux énormément aux 10 ans de nullité de la droite qui nous ont poussé à voter contre eux !!!

à écrit le 25/04/2014 à 9:54
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Demander ds sacrifices aux français, c'est bien, mais donner l'exemple est encore mieux. Vous souvenez vous des baisses de rémunération du chef de l'état et des ministres annoncée bruyamment dans les médias comme une promesse de campagne, et bien rie...

le 25/04/2014 à 11:28
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c'est tout simple, ILS ne votent pas des lois pour SE SPOLIER! ...Mais les autres, OUI !!

à écrit le 25/04/2014 à 9:23
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Ils dirigent un pays je crois que non, ils ont pris une concession de voitures, entre la boîte à outils et le cirage de pompes le peuple est très mal parti. En plus montegourde qui fait du vent c'est la cata. Et en plus le plat national sera bientôt ...

à écrit le 25/04/2014 à 8:59
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Après la boite a outils, voila le manuel. La france est dirigée par des bricoleurs.

à écrit le 25/04/2014 à 8:41
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Ce sont des pompes à 1000 euros

à écrit le 25/04/2014 à 7:04
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En ce début de 21 siècle, Il semble plutôt que l'utopie socialiste est en train d'agonisée ...d'un coté les sclérosés de l'idéologie ...qui refusent la vérité et continuent de croire , que l'état providence est une création immortelle... et de l'autr...

à écrit le 25/04/2014 à 6:55
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Ce n'est pas le plan Hollande Valls, mais le plan de Bruxelles Borroso, et ce n'est certainement pas fini !!!!!!

à écrit le 24/04/2014 à 22:41
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Le pacte sera voté et le deuxième quinquénat sera acquis. Les socialistes sont très fort! En l'an 2017 la france sera la puissance la plus forte aprés l'Allemagne.

le 25/04/2014 à 8:38
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Ça existe encore les bobos de gauche.

à écrit le 24/04/2014 à 20:50
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C'est le pieds

le 24/04/2014 à 22:44
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Avec les socialistes la république est respectée et honorée par eux

le 25/04/2014 à 8:40
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Ne le dit pas que sur la photo que c'est fraise des bois qui cire ses pompes.

à écrit le 24/04/2014 à 18:49
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Bien sur que les députés voteront le plan! Sinon c'est la dissolution et ils ne seront pas réélus! Termines les voitures avec chauffeur, les indemnités non fiscalisées, les trains et avions gratuits et un salaire plus que confortable....

le 24/04/2014 à 20:18
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Ils vont se mettre d'accord entre eux pour que quelques starlettes puissent jouer les contestataires officiels et gérer la gauche de la gauche, et ils retourneront ensuite à la sousoupe comme n'importe quel autre caniche.

à écrit le 24/04/2014 à 18:18
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Tout est dans la boîte à outils. Alors virons les députes PS et gardons la boîte à outils, on fera beaucoup d'économie.

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