Coronavirus : pourquoi les prix des métaux divergent

Par Didier Julienne  |   |  558  mots
Les aciéries chinoises, les premières au monde, sont situées loin de la province de Wuhan et sont restées dynamiques malgré la crise. (Crédits : Reuters)
CHRONIQUE. Si les prix de métaux comme le  palladium et le rhodium se sont affaissés, d'autres connaissent en revanche des situations inverses.

Il y a d'abord la chute des paradis perdus : le palladium et le rhodium. À la suite du dieselgate et des normes antipollution qui le suivirent, les moteurs à essence ont été préférés aux moteurs Diesel entraînant une croissance de la consommation de palladium et rhodium dans la catalyse automobile. Le mouvement n'a pas échappé à la spéculation, les prix des deux métaux se sont envolés au point que nous avions qualifié ces deux marchés, il y a quelques semaines sur ce blog, de grenades enveloppées de chocolat.

Peu après, les grenades ont explosé. Les prix du palladium ont chuté de près de 50%, ceux du rhodium sont passés de plus 14.000 dollars à environ 3.000 dollars aujourd'hui. Ce dernier métal rééditant, comme tous les dix ans, la même bulle spéculative : hausse spectaculaire et baisse rapide en 1990, 2000, 2010 et 2020.

Chute limitée pour les métaux non ferreux

Sans surprise, la chute est générale mais limitée dans les métaux de base : cuivre, aluminium, nickel, zinc. L'écroulement des prix est également important dans les énergies avec la baisse historique des prix du gaz naturel et l'affaire de la guerre du pétrole entre Riyad et Moscou. Elle l'est également pour certaines denrées: sucre, cacao, coton...
Mais d'autres compartiments résistent, notamment la sidérurgie. La courbe en V du prix du minerai de fer, passé de 95 dollars, avant le nouvel an chinois, puis logiquement à 80 dollars au moment des fêtes, et 90 dollars actuellement, s'explique de deux manières. D'une part, les aciéries chinoises, les premières au monde, sont situées loin de la province de Wuhan et sont restées dynamiques malgré la crise ; d'autre part, la production de minerai de fer chinois s'est affaissée au nouvel an pékinois sans s'être réellement relevée depuis. En conséquence, plus que par le passé les importations de fer australien et brésilien ont répondu à la demande et les prix du fer outre-mer sont fermes. De même, les prix de l'acier amorcent depuis peu une courbe en V. D'autres matières liées a la sidérurgie voient aussi leur prix franchir la ligature du V et remonter, tels le fret maritime ou le molybdène.

Peut être est-ce lié au confinement, mais des matières premières agricoles ont également des prix atypiques, orientés à la hausse : le thé, le café dans une certaine mesure, et la star du moment dont la crise n'a fait que renforcer le dynamisme et le stockage, le riz.

Rebond de l'or

Quant à l'or, après avoir été en hausse continue, il a dépassé le seuil des 1.700 dollars et n'a perdu que 10% avant de rebondir. Une performance positive comparée à celles des indices boursiers.
Comme prévu ( voir cette vidéo), ces derniers illustreront la temporalité de la crise. En Chine, elle sera probablement résorbée en fin de premier trimestre, et nous devrions connaître en Europe la même issue mais en fin de second trimestre.

D'ici là, j'espère que nous aurons remercié, en considération mais aussi en budgets, le dévouement admirable du monde de la santé: aide-soignantes, infirmiers, infirmières, étudiants en médecine, médecins civils et militaires ainsi que la réserve sanitaire.