Mallorie Sia popularise le bien-être

À 25 ans, la cofondatrice de ZenSoon négocie une opération capitalistique pour accélérer la croissance de sa plateforme de réservation de soins de beauté à tarifs préférentiels.

Cette forte tête démocratise les moments de douceur. Mallorie Sia, directrice de ZenSoon, qu'elle a fondé avec Marie Sermadiras, travaille depuis juin 2012 pour proposer des prestations de beauté à tarifs préférentiels et sans délai d'attente.

« Depuis le début de la crise économique, les hommes comme les femmes investissent davantage dans leur bien-être. Des acteurs comme Groupon et LivingSocial ont défriché ce marché. Mais, quand on a envie d'un soin, on ne veut pas attendre trois mois pour un rendez-vous. Voilà pourquoi nous avons créé ZenSoon », résume la jeune femme âgée de 25 ans, directe et débordante d'énergie.

ZenSoon propose des offres à prix cassés chez plus de 500 partenaires en Île-de-France - des coiffeurs, des spas et des instituts de beauté -, ainsi qu'une soixantaine à Bordeaux et autant à Lyon.

« Le marché professionnel de la beauté pèse 11 milliards d'euros en France, et compte 110.000 acteurs dont 70% indépendants. Or, en moyenne, la moitié des horaires disponibles restent vacants. Nous aidons nos partenaires à remplir leurs créneaux libres, et notre plateforme simplifie la recherche pour le client. »

Une croissance de 30% de mois en mois !

Mallorie Sia prévoit de passer de 10 salariés aujourd'hui à 70 d'ici à la fin de l'année.

« En croissance de 30% de mois en mois depuis un an », son chiffre d'affaires restera secret. Et pour cause : elle mène des discussions avec des investisseurs.

« Nous n'avons pas encore trois ans d'existence que déjà, nous recevons des marques d'intérêt d'une entreprise étrangère en vue d'un rachat ou d'une prise de participation, et d'un fonds d'investissement pour une éventuelle deuxième levée de fonds. Nous trancherons d'ici à l'été », confie l'entrepreneure qui veut sonder les intentions du futur partenaire.

« Quelle que soit l'option retenue, Marie et moi resterons dans l'entreprise, que nous voulons hisser au rang de référence du marché. ZenSoon est notre bébé, et nous avons appris à sortir nos griffes face à ceux qui l'attaquent », assène la jeune femme, sans se départir de son sourire.

En deux ans et demi d'activité, le duo a eu matière à s'aguerrir.

Elle et Marie Sermadiras étaient encore étudiantes au sein du mastère Entrepreneurs de HEC quand elles ont créé ZenSoon.

« Mallorie a un franc-parler que j'apprécie. Elle est optimiste et toujours de bonne humeur. Nous sommes toutes deux de "grandes gueules", ce qui nous a rapidement rapprochées », se souvient Marie Sermadiras, la présidente de ZenSoon, qui gère les finances et le commercial, tandis que Mallorie Sia supervise les questions techniques, le marketing et le service clientèle.

Avant de s'orienter vers la beauté, elles se sont d'abord penchées sur un projet de crèches interentreprises.

« Le besoin était certain. Mais le coût des assurances à souscrire avant même de démarrer s'est avéré prohibitif. Et puis, soyons clairs : nous n'avions toutes deux que 22 ans, et notre jeune âge pouvait représenter un frein auprès des parents cherchant un moyen de garde pour leurs enfants », détaille la volubile Mallorie Sia.

Elle a pris le chemin de l'entrepreneuriat un peu par hasard, après avoir reçu son diplôme de HEC Montréal, vibrant encore des souvenirs d'un semestre d'échange universitaire à Séoul, où elle avait « découvert la vie sous un autre angle ». Ce qui lui donne l'envie d'explorer d'autres horizons : Tahiti par exemple, où GDF Suez lui proposait un poste en comptabilité et finance.

Car l'extravertie Mallorie Sia aime les bilans et les comptes de résultat, surtout quand il s'agit de leur donner meilleure allure avec une intervention relevant davantage du remodelage profond que de la cosmétique. Étudiante, elle a pris plaisir à redresser des sociétés arrivées à la barre du tribunal de Commerce - un fabricant de montres de luxe, un éditeur de logiciels et un chocolatier.

« Analyser les dépenses, repositionner une marque, trouver de nouveaux marchés... cela m'a passionnée ! »

Mais son petit ami de l'époque parvient à la convaincre de postuler avec lui au mastère de HEC. Seule Mallorie sera sélectionnée. Bientôt, le hasard se transforme en évidence.

« Enfant déjà, Mallorie se montrait déterminée et pugnace. Elle peut manquer de patience, avoir mauvais caractère et s'emporter. Mais ce sont des qualités nécessaires pour un entrepreneur qui veut réussir », confie Jean-Yves Sia, son père et son conseiller en affaires depuis la création de ZenSoon.

Cette ténacité, elle l'a démontrée à plusieurs reprises, notamment quand il a fallu signer les premiers contrats avec des professionnels de la beauté. Elle qui se dit « peu versée dans le commercial » a conclu avec son inséparable associée les 400 premiers partenariats. Même après une chute en scooter, le binôme en tailleur et ballerines, genoux couronnés et collants troués, a honoré un rendez-vous dont elles sont reparties avec un engagement.

Mallorie Sia n'abandonne pas facilement

Elle a repensé son argumentaire face à Denis Fayolle, qui a poussé dans leurs retranchements les deux entrepreneures venues le convaincre d'investir dans ZenSoon:

« Je les ai bombardées de questions pendant une heure, pour tester leurs réflexes marketing. Leur énergie incroyable m'a convaincu. C'est l'équipe la plus jeune que j'ai accompagnée, et elles progressent très vite. Mallorie réfléchit aux problématiques clients, à l'ergonomie du site. Ce n'est pas dans son ADN, mais elle trouve les bonnes réponses, notamment grâce à son sens de l'écoute », détaille le cofondateur de LaFourchette et business angel qui a participé à la première levée de fonds de ZenSoon, en août 2013, pour 325.000 euros.

Trois mois plus tard, ZenSoon est lauréat du réseau Entreprendre Paris et bénéficie du mentorat de l'entrepreneure Catherine Kablé :

« Mallorie est astucieuse et charmante, avec un souffle à toute épreuve. Un matin, après qu'un de leurs partenaires était intervenu dans une émission de télévision, les demandes de rendez-vous affluaient en masse sur le site, mais personne n'était disponible chez ce prestataire pour répondre aux clients. Il était 9h30. Mallorie a quitté notre réunion pour prendre elle-même tous les rendez-vous. Une demi-heure plus tard, tout était réglé. »

La persévérance, Mallorie Sia l'a gardée chevillée au corps en novembre dernier, quand les serveurs informatiques - le principal et celui de secours - hébergeant ZenSoon ont brûlé.

« Cette avarie chez notre hébergeur a failli marquer la fin de l'aventure : nous avons tout perdu. Mais plutôt que de baisser les bras, nous avons accéléré », confie l'entrepreneure qui dit avoir maigri de 7 kilos durant le mois de travail nécessaire pour mettre en ligne leur nouveau site et ses 600 fiches avec photos, présentant chaque partenaire.

Une course contre la montre stressante, et plus éprouvante encore que la Saintélyon, une épreuve de 72 km - avec 1.800 m de dénivelé - entre Saint-Étienne et Lyon, que cette sportive a terminé dans la douleur en décembre dernier, par -10°C.

« Mallorie a une force de caractère impressionnante. Les moments difficiles ne la détournent pas de ses objectifs. Elle est fairplay, généreuse et profondément empathique. Elle accorde beaucoup d'importance au bien-être de ses équipes, sans jamais l'afficher, car elle est pudique. Une telle alliance de punch et de sensibilité est rare », analyse Henri-François Martin, cofondateur de Fieldin, et ami de Mallorie Sia.

Elle qui aime la compétition, car « cela donne un objectif pour l'entraînement », continue d'assurer le service clients les samedis et dimanches. Elle ambitionne une réussite « comme MyLittleParis, qui a débuté petit et qui a aujourd'hui une belle image de marque... et des bureaux sur six étages à Paris ! »

Dans son marathon entrepreneurial, Mallorie Sia sait qu'il y aura encore bien des épreuves. Après chaque défi relevé et chaque imprévu jugulé, avant de se remettre au travail, elle souffle, le temps d'un soin du visage ou d'un massage.

Repos éphémère d'une guerrière.


MODE D'EMPLOI

- Où la rencontrer ? Dans le IIe arrondissement de Paris. « Passez me voir au bureau, ou Chez Edgar, un café tout proche. Sinon, je réponds par email et lors d'événements d'entrepreneurs. »

- Comment l'aborder ? En ping-pong. « J'aime échanger : c'est-à-dire ne pas seulement parler de moi, mais aussi découvrir la personne avec qui je dialogue. »

- À éviter ! La prétention. « Ceux qui sont imbus d'eux-mêmes m'agacent. Marie et moi nous nous faisons remarquer... mais nous savons qu'il faut toujours rester humble, même dans la réussite. »


TIMELINE

  • Août 1989 Naissance à Vélizy-Villacoublay.
  • 2007 Études de commerce à HEC Montréal.
  • 2000 Échange de six mois à l'université Sogang, à Séoul.
  • 2011 Intègre le mastère HEC Entrepreneurs.
  • Septembre 2011 - février 2012 Bras droit auprès de dirigeants d'entreprises en redressement.
  • Juin 2012 Fonde ZenSoon avec Marie Sermadiras.
  • 2013 Lance le service à Bordeaux et Lyon.
  • Novembre 2014 Les serveurs de ZenSoon brûlent.
  • Mai 2015 Négociations avec des investisseurs.
  • 2017 ZenSoon est présent dans 15 villes françaises et emploie 100 personnes.

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Commentaire 1
à écrit le 05/06/2015 à 19:00
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…..elle pourrait bien refaire son look, pas terrible la coiffure….

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